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9 février 2011

Grève dans l'éducation

Ah ! Ben ! Luc, puisque tu es là, reste donc : il nous manque un prof...ou deux...ou trois...
Demain, c'est grève dans l'éducation nationale. Parions qu'à côté de la grève exceptionnelle des magistrats et les frasques aéroportées de nos ministres volant, cela passera bien inaperçu.

Encore une grève.

A cette époque de l'année, dans les lycées, les collèges et les écoles, on reçoit les dotations horaires pour l'année scolaire suivante.

Cette année, sans surprise, c'est à la baisse. 

Moins d'heures, pour des fonctionnements similaires : il n'y a pas moins d'élèves que l'an passé. Il y a même l'effet "an 2000" qui a vu une hausse démographique : il y aura plus d'élèves rentrant en 6ème cette année...

Malgré cela, il va falloir tenter d'arriver à faire ce fameux chiffre : le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux. 

On a beau avoir un chausse-pied énorme, quand on fait du 45, difficile d'entrer dans du 36. 

C'est même carrément impossible : selon les chiffres communiqués au Sénat par le gouvernement en novembre 2010, 9 989 emplois ont été supprimés en 2009, contre 13 500 annoncés, et 13 000 en 2010, contre 16 000 prévus. "Seulement" 32 % et 40 % des départs en retraite de ces deux années.

Certes, les grèves, les mouvements de protestation souvent repris par les parents d'élèves y sont pour quelque chose. Mais il y a aussi la réalité pure et simple : les programmes, le nombre d'heures de cours prévues sont incompressibles.


L'année dernière, il y a eu le changement du statut des "stagiaires", qu'on ne peut plus décemment appeler comme cela, puisqu'ils n'ont pas de stages, pas de formation...Rappelez-vous : on a collé devant les gamins des jeunes profs sans les former. Avant, on avait 6 heures de cours contre 12 heures de formation. Aujourd'hui, c'est 18 heures devant les 35 rugissants de 5ème, vaille que vaille. Cela fait un bon nombre de postes supprimés...


Cette année, on n'aura pas cette possibilité. Il va falloir supprimer sans cela.


Tenez, pour illustrer mon propos, je vais vous parler de la merde dans laquelle on est au ministère : une collègue de français est enceinte.


Comme elle est réglo, dès qu'elle a été au courant de la bonne nouvelle, elle a prévenu le rectorat, son employeur.

Elle a précisé la date à laquelle, légalement, elle allait partir en congé maternité.

Ce genre de chose laisse assez peu de place à la surprise.

Voilà trois semaines, donc, elle est partie, comme prévu, en congé mat'.

Le rectorat a eu besoin de 15 jours pour trouver une remplaçante. En attendant cela, il a été demandé aux autres collègues d'assurer les heures. N'importe comment, en plus de leur emploi du temps, avec des classes qu'on ne connait pas, qu'on ne reverra pas, dont on ne connait pas la progression, le niveau...

J'ai fait 2 heures de cette manière, avec des 4èmes blasés. Du gardiennage, même si j'ai tenté de faire de la grammaire.

Enfin, au bout de trois semaines, le rectorat a trouvé quelqu'un. Je dis le rectorat, mais en fait, c'est Popol Emploi qui a fait le boulot de recherche. Une petite dame est arrivée, ce lundi. Tremblante devant les 4èmes, dépassée par les 6èmes. Elle n'avait pas enseigné depuis deux ans et n'avait d'ailleurs fait qu'un petit remplacement de rien du tout...Elle a un master en langue et je ne sais pas quoi. Sans doute assez cultivée pour des sixièmes. Mais pas du métier, pas formée, même pas au courant des programmes...

Voilà où on en est, dans l'éducation nationale.

Demain soir, je suis sûre que le type qui nous gouverne va nous faire croire que tout va bien. Qu'il y a résolument moins d'élèves et plus de techniques innovantes dans l'éducation nationale pour que tout se passe bien.

Soyez certains que c'est faux. En fait, la maison est en feu. Et les gamins sont dedans...

Luc Chatel fait bien sont sale boulot de DRH...

CC

4 commentaires:

  1. Oh alors ce soir plus que jamais, je soutiens.

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  2. Excellent billet, je te rejoins complètement, même ma situation est quelque peu différente vu que je suis contractuel. Mais le fond du problème reste le même, avec en plus pour moi ce satané concours qui devient vraiment compliqué à obtenir.

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  3. Bonsoir,

    @Zette : j'ai lu, oui, chez toi...Tout mon soutien... :)

    @Matfanus : oui, la problématique est la même pour tous les précaires que l'éducation nationale crée avec ses économies de bouts de chandelle...

    Bon courage, quand même pour le concours...

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  4. Cholet : un prof d'italien trouvé sur leboncoin.fr

    Alors que les enseignants étaient appelés à manifester, hier, pour protester contre les suppressions de poste, on a appris que le collège Du Bellay de Cholet était allé chercher sur le site d'annonces entre particuliers leboncoin.fr, à la rubrique « cours particuliers », un remplaçant pour son professeur d'italien en arrêt de maladie.

    Pour faire face à des absences, faute de professeurs remplaçants en nombre suffisant, les chefs d'établissement ont de plus en plus recours à des personnes qui ont les connaissances requises (au minimum une licence), mais sans avoir forcément une pratique pédagogique.

    Pour trouver ces remplaçants, un de leurs interlocuteurs privilégiés est Pôle Emploi. « Nous déposons nos offres directement sur leur site », précise le rectorat de Nantes.

    Le recours au site leboncoin.fr reste exceptionnel.

    http://www.cholet.maville.com/actu/actudet_-Cholet-un-prof-d-italien-trouve-sur-leboncoin.fr_loc-1689495_actu.Htm

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