Un chiffre : dans le monde, nous avons 20 jours d'autonomie alimentaire.
Il suffit d'un couille dans le potage, d'un petit problème énergétique, d'une micro guerre qui bloquerait tout, d'un volcan islandais dont les fumées s'éterniseraient un peu dans le ciel, pour qu'on n'ait plus rien à bouffer.
Comme ça, on dirait un bouquin de Barjavel, de la bonne vieille science-fiction, mais c'est pourtant la réalité : le monde est à flux tendu pour la nourriture.
En France, les deux grandes guerres ont tué les paysans et les ont "tertiairisés".
En France, on a fait le choix de faire fabriquer plus à moins de paysans, grâce à des produits chimiques qu'on avait sur les bras.
On avait un problème avec l'agriculture : elle n'achetait rien à l'industrie. Alors, petit à petit, on a formé les jeunes cultivateurs à deux idées essentielles :
- La terre ne peut pas produire seule. Il faut la fertiliser pour qu'elle donne. Sans cela, c'est juste une matière morte.
- Les graines sont une marchandise.
Deux idées qui ne vont pas de soi, puisque depuis la nuit des temps, les paysans fertilisaient la terre avec le fumier de leurs bêtes, c'est à dire avec une matière vivante...Et depuis toujours et dans tous les pays du monde, les femmes étaient les gardiennes des graines : elles les sélectionnaient, elles en faisaient la diversité et les transmettaient avec les savoirs qu'il fallait pour s'en servir.
C'est le propos du film "Solutions locales pour un désordre global".
C'est un film passionnant, parce qu'il permet de replacer dans une perspective historique et mondiale un problème dont on ne veut surtout pas parler. Imaginez la panique, si les 20 millions de Parisien se rendaient compte qu'ils n'ont que quelques jours d'autonomie alimentaire...
Alors, oui, il est évident que les financiers et l'industrie a pris le pouvoir grâce au contrôle de la terre et à la mainmise sur les graines...Mais n'a-t-elle pas gagné une autre bataille ? Celle sur les esprits...
Je n'ai sous la main qu'un panel tout petit d'une centaine d'exemplaires d'enfants. Une génération étonnante. Lorsqu'il nous arrive de faire des sorties à pieds, nous traversons un espace de verdure, un parc de centre ville. Rien de bien étonnant. Eh bien croyez-moi si vous voulez, mais la moindre bête les effraie, les étonne, provoque des regroupement. La moindre limace, le moindre hanneton, provoque les cris des filles et les bravades des garçons...
L'être humain s'est éloigné de la nature. Je crains d'ailleurs que cela ne concerne pas que la toute jeune génération : voilà quelque temps que ceux qui vivent en ville ne voit plus que des poissons panés et congelés, que des steaks hachés en guise de vache, que des salades en sachet, feuilles mélangées, variétés impossible à identifier...A quoi ressemble des épinard ? Comment vide-t-on une poule ? Comment pèle-t-on un lapin ?...
Mes élèves, je le vérifie souvent, ne savent pas faire le lien entre la vache et le steak...
L'homme s'est éloigné de la nature et c'est la plus grande victoire de l'industrie : la maîtrise de la nourriture des hommes est une arme tellement puissante...
Ce film propose des solutions locales : AMAP, culture bio et respectueuse de la terre, échange gratuit des graines...
Il faut surtout que nous réhabilitions le beau métier qui consiste à nourrir les hommes et que la France arrête de faire disparaître des dizaines de milliers de paysans par an. Il faut que les jeunes retrouvent le chemin de la nature et qu'on réapprenne à vivre avec, qu'on sorte de la mythologie dans laquelle on l'enferme : non, la nature n'est pas une carte postale pour les vacances, ce n'est pas quelque chose qu'on peut mettre en bouteille ou en parc nationaux...
Et ça, ce n'est pas gagné...
En tout cas, je vous conseille vivement ce film qui permet de se poser la question suivante : de quoi ai-je vraiment besoin pour vivre ? D'un iphone ou de blé ? Du vrai blé, hein...! Celui pour faire du pain !
CC
Chère camarade blogueuse, qui signe CC (Céline, c’est ça ?), dans ce jeu de piste, ou apparenté, quand je lis « mes élèves (…) ne savent pas faire le lien entre la vache et le steak... », je vous imagine en train d’expliquer en anglais la notion de noms dénombrables : un taureau, un bœuf, une vache (a bull, an ox, a cow) et de nom indénombrable : le bœuf (beef). Les premiers désignent l’animal (ou les animaux) sur patte, le dernier désigne l’animal dans l’assiette ‒ ou, en termes précis, la viande de cet animal (ou de ces animaux).
RépondreSupprimerEn d’autres mots, je vous imagine enseignante (ça je le savais), mais précisément enseignante d’anglais. Me trompé-je ? Allez-vous lever un coin du voile ? Bien à vous. Pardon si je ne suis pas dans le sujet. Car c'est vrai que je suis hors sujet...
Bonsoir Maurice,
RépondreSupprimerVous faites une enquête de police ?
Eh non ! Je ne suis pas prof d'anglais ! :)
CC,
RépondreSupprimerJe n'ai pas vu le film mais je ne manquerait pas de le voir !La France a bradé notre fleuron national notre agriculture, grace à "Bruxelles mes amours", Bruxelles a fait craquer nos agriculteurs qui ont vendu leurs terres aux industriels, ceux là même qui testent les OGM après avoir asphyxié notre terre aux engrais et pesticides.
Nous mangeons beaucoup trop en Europe, quand tu vois ce que mange et consomme le reste de la planète.