23 mai 2017

Besoin de clarification...

En citoyenne lambda qui s'intéresse un peu à la politique locale, j'ai besoin de clarification.

Nous sommes donc à une vingtaine de jours du premier tour des législatives et j'ai commencé à recevoir les infos à propos des candidats de ma circonscription. Je ne sais où donner de la tête.

Le candidat sortant était PS : Frédéric Barbier. Il est désormais une sorte d'OENI : un Objet Électoral Non Identifié.

Il a réussi l'exploit d'être investi par le PS et LREM, au prétexte que le FN a des chances de l'emporter. Donc, pour éviter, le FN, on crée pour de vrai le fameux UMPS fustigé depuis des années par le parti d'extrême droite. Pour lutter, donnons raison à l'adversaire ! Logique imparable !

Au delà de la blague d'avoir deux investitures tenant de la chèvre et du chou, on peut légitimement poser des questions simples, des questions d'électeur soucieux de savoir où va sa voix : 

- Pour quels textes de loi le député, s'il est élu, votera-t-il ? Pour les textes proposés par un gouvernement dirigé par un premier ministre Les Républicains ? Pour une belle majorité qui permettra de passer la loi travail puissance 10 par ordonnances ? 

Et question subsidiaire :
- Vers quel parti ira la cotisation que payera le député ?

C'est important de le savoir avant de voter. Il semble, selon le dernier tract consulté que le mot d'ordre soit "Pour une majorité présidentielle". A droite, donc. Soit.

Mais là où ça se corse, c'est que j'ai un autre tract d'un autre candidat qui se prétend aussi de "La majorité présidentielle". C'est celui du candidat des Républicains : Valère Nedey. Cela semble plus logique, puisque le premier ministre est du même parti.

Mais imaginons que je veuille soutenir la majorité présidentielle : pour qui voter ?

C'est ubuesque...

Par contre, si je veux voter pour un candidat de gauche, un social-démocrate...Quelqu'un qui ne défendra pas la nouvelle loi travail, la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires, qui ne cautionnera pas un gouvernement dans lequel on trouve un homophobe tendance manif pour tous, un ministre de l'éducation nationale proche de l'association SOS éducation, qui flirte souvent avec des idées d'extrême droite, si je ne veux pas soutenir la ligne libérale d'un ministre de l'économie LR, pour qui voterai-je ?

CC

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9 mai 2017

Petite colère post-électorale (en attendant les prochaines...)

En 2017, la France a été gagnée par la morosité et une dépression collective qui a commencé il y a longtemps déjà. Cette neurasthénie se développe surtout en période électorale. C'est le moment où l'on libère les aigreurs et désigne les coupables pour les maux qui nous rongent.

Depuis les années deux-mille, en fait, les Français en ont marre.

Marre de quoi ? J'ai demandé, mais ils ne savent pas forcément : marre ! Ils leur arrivent souvent d’ajouter : « Nous, ça va. Mais enfin, c’est quand même pas la joie et rien ne va. » Qu’est-ce qui ne va pas, au juste ? La France n’est plus la France. Et si ça va mal, c’est la faute à l’immigration, à l’Euro, à l’Europe, aux politiciens, aux profs, aux flics, aux PV pour excès de vitesse...

Les Français sont des râleurs, c’est peut-être bien le seul trait constituant de la fameuse identité nationale qui est devenue un Graal depuis son invention par Sarkozy.

Alors voilà, il y a que l’ouverture au monde qu'a constitué internet et les voyage pas chers d’Easy Jet ont permis une prise de conscience : les autres, nos anciens ennemis, les Anglais, les Allemands, les Espagnols ou les Italiens, nous ressemblent furieusement. Ceux qu’on moquait avant, auxquels on faisait la guerre parfois, ont à peu près la même façon de vivre que nous, les mêmes passions pour l’alcool et les saucisses, pour les apéros et le bœuf en sauce. On appelle ça bœuf bourguignon chez nous, mais on mange presque la même chose au Portugal, en Hongrie ou en Hollande, sous un nom imprononçable, et cela nous empêche soudain de nous enorgueillir de ce plat qu’on croyait être une spécialité. Elle est bien décevante, cette idée simple que chaque pays fournit son monde. Il ne manquerait plus que ce soit aussi le cas pour les peuples de barbares qui vivent ailleurs dans le monde...

Alors, les affres de la mondialisation nous apparaissent soudain insurmontables.

A part ces constats vagues, l’emploi va fluctuant, de mal en moins mal et vice versa. Les patrons s’obstinent à ne pas le payer assez, mais c’est quand même largement mieux en France qu’en Roumanie, parce qu’il y a eu des combats syndicaux, il y a eu le Front Populaire. Pourtant, dans les deux pays, les prix sont les mêmes. Par ailleurs, si ça va mal, c'est aussi à cause des syndicats, auxquels plus personne n'adhère.

Ici, il y a toujours une protection sociale qui permet aux gens de s’en sortir s’ils le veulent vraiment, il y a un tissu solidaire et associatif inégalé en Europe, on a la première agriculture du continent, qui nous permet de manger à notre faim et une industrie pas tout à fait morte encore, qui produit des choses innovantes et reconnues dans le monde entier. La culture est elle aussi un motif de fierté, mais les Français ne connaissent même pas les groupes de musique qui font danser le reste de la planète et qui ont vu le jour dans un appartement parisien. Ils feignent d’ignorer aussi que plus de 80 millions de touristes viennent visiter notre pays, admirer nos musées, parcourir les ruelles tellement typiques de nos petites villes d’Alsace.

On s’obstine, malgré ces évidences, à parler du déclin du pays et de la honte d’être français. La France d’antan, la « France éternelle » est morte, dit-on. Quelle France ? On ne sait pas. Peut-être celle de Vercingétorix, de Louis XIV, de Pétain ou de Pompidou.

On voit pourtant mal comment aller mieux, et il n'est même pas besoin de se comparer pour le constater. Il y a des routes, des hôpitaux et des écoles, des voitures, des téléphones portables et des ordinateurs. Jamais on a autant gaspillé de nourriture dans les cantines, les cafétérias et les ménages français. Jamais on a fait autant de régimes pour maigrir.

Il y a de l’argent, aussi, même si les gens ont toujours l’impression d’en manquer. Il y en a plus qu’en 1960, mais les gens ne prennent pas le temps de réfléchir à ce qu’ils en font : leurs charges fixes pour des choses inutiles et nocives ont explosé. L’abonnement au téléphone portable, pour toute la famille, internet, les chaînes de télé – et la télé plate qu’il faut changer plus souvent, ainsi que tous ces gadgets imbéciles qu’on se croit obligés d’acheter et de racheter -, le temps qu’on passe à dépenser pour des loisirs stupides et qui n’existaient pas avant, les deux voitures par foyer – au moins – qu’il faut emplir et remplir et remplir encore d’essence parce qu’on les prend pour faire trois pas, au mépris de notre santé, et qui nous coûtent en assurance, en réparation, en entretien, en pneus d’hiver, en pneus d’été…Tout ce qu’on ne faisait pas avant et qu’on fait maintenant sans réfléchir, tout cela nous coûte de l’argent, mais on a décidé que le problème n’était pas nous-même. Le problème, c'est la société de consommation, comme si ce n’était pas nous qui consommions. Pire : on accuse les impôts. On fait tout pour en payer moins, tout en voulant toujours plus de services publics, sans faire le lien entre les deux : perte collective d'intelligence. En attendant, on ne veut surtout pas savoir combien le dernier infarctus de Pépé a coûté à la société. Pépé va bien et il a été pris en charge par le meilleur système de santé au monde. Gratos ! Non ? Vraiment ? Non.

Et bêtement, quand un penseur vient nous parler de décroissance, on lui rit au nez en disant : « On ne va tout de même pas se chauffer à la chandelle et s’éclairer au feu de bois, c’est dépassé tout ça, il faut vivre avec son temps. » Si quelqu’un, même s’il n'a pas l’air de venir du plateau du Larzac, dit qu’utiliser les transports en commun ou les vélos serait plus intéressant, on lui rétorque que c'est pour les pauvres, pour les bobos, pour les riches…bref, on lui rétorque. On ne réfléchit que de manière égoïste et insensée. On ne veut pas voir qu’on s'est éloignés de la nature et de la raison. On se plaint des allergies sans se dire que c'est la faute du gasoil, on se plaint des tomates trop chères sans se demander pourquoi on veut en acheter en décembre et pourquoi, venant d’Espagne, il faut qu’elles passent par Rungis pour se retrouver dans un supermarché de la Creuse – hum, voilà des tomates qui ont fait plus de kilomètres que moi dans leur courte vie…-, on se plaint du gouvernement sans se souvenir qu’on est en démocratie et qu’on peut en choisir un autre, un meilleur, voire qu'on pourrait se présenter aux élections. Et puis lorsqu’une politique plus enviable pointe son nez, on la nomme utopie. Syndrome de dépressif : on ne veut pas croire que ça pourrait aller mieux. Alors on est tenté par le pire. Par la violence. On veut en découdre.

Dans le fond, c’est dans la nature humaine, la violence. Et si notre société a réussi à éradiquer quelque chose, c'est bien la violence : on n'a pas eu de guerre depuis 50 ans. Quand des jeunes mettent le feu à une poubelle dans une banlieue, la justice est implacable et le jugement de la société, impitoyable. Un jeune de 14 ans qui se retrouve avec un casier se ferme des portes pour le travail. La vraie violence est là. Autrefois, les jeunes, quand la France était rurale, avaient d’autres moyens pour exprimer leur colère, leur incompréhension du monde. Ils faisaient les 400 coups en mobylette, ils devenaient punk ou gothique, pour trois mois ou un an, ils se faisaient faire un tatouage, ils buvaient comme des trous, ils inventaient des blagues potaches et ils faisaient leur service militaire. Ils étaient surveillés de loin et avec bienveillance par toute la communauté qui savait qu’il faut que jeunesse se passe.

Depuis ces terribles années 2000, ils restent adossés aux arrêts de bus et on les surveille, on les arrête et on pénalise la délinquance juvénile. Ils décident alors d’aller à la mosquée parce que c'est la seule alternative qu’on leur offre. Les filles se voilent parfois juste comme d’autres, ailleurs, se font faire un piercing au nombril. La société n'a jamais été aussi surveillée, contrôlée. Et pourtant, les grands-parents nous parlent bien de vols et d’assassinats, eux aussi. La violence et la malhonnêteté ont toujours existé, mais elles nous paraissent pire aujourd’hui. Ce n'est pas le cas, pourtant. Jamais aucune société n'a été aussi policée, balisée d'interdits, engoncée dans le politiquement correct.

En manque d’action, en manque de violence, il faut donc se trouver des ennemis. On désigne donc « les immigrés ». Désignation fourre-tout, pas précise du tout qui regroupe moins les nouveaux arrivants qui ne se mêlent que peu à la population, souvent de passage, ne souhaitant pas rester en France, mais gagner l’Angleterre, que les descendants de ceux qui sont venus travailler dans les usines durant les Trente Glorieuses. Les jeunes de deuxième et troisième générations qui n'ont jamais été intégrés, qui n'ont jamais été considérés comme Français, bien qu’étant nés ici et ayant été à l’école de la République, ne connaissant que notre langue et notre télé, que notre mode de vie. Jamais, on est parvenu à en faire des Français comme les autres. Il faut dire qu’on a favorisé l’entre soi en les parquant dans des quartiers à la marge des villes, qu’on les a envoyés dans ces écoles de banlieues qui n’arrivent pas seules à ouvrir leurs esprits à un ailleurs, qui ne parviennent pas à leur faire sentir combien le monde est vaste. Et quand on les envoie en stage, en 3e, ils ne sont acceptés que dans les kebabs de leur oncle, de leur père, de leur frère, toujours dans le quartier. Ils vont ensuite dans le lycée le plus proche et ne s’éloignent jamais de chez eux. On aurait voulu créer le communautarisme, on n’aurait pas fait autrement. Cela revient à créer le même crétinisme que dans les vallées alpines, la même consanguinité que dans les tout petits villages isolés. Sauf que la démographie est forte dans ces territoires : on sait qu’elle est toujours plus forte quand la pauvreté est grande. C’est ainsi. Ces nombreux enfants oubliés de la République ne sont pas compris, pas envisagés comme partie intégrante de notre pays. On les désigne comme les coupables de tous les maux. On ne veut pas reconnaître que le monstre a été créé de toutes pièces et qu’il faudrait peu de choses pour que ces loups posent leur masque et redeviennent les enfants qu’ils sont.

C’est sur ces idées noires - et confuses - que la peste brune prospère et prospérera encore sans doute aux législatives...
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5 mai 2017

Bas débat

De deux choses l'une.

Soit Marine Le Pen a complètement craqué l'autre soir pendant le débat, passant pour folle, agressant dans ses paroles et dans ses actes son adversaire, affichant un rictus se voulant ironique pour tout et n'importe quoi, ne parlant pas de son programme et agissant comme une personne ivre. La pression aura eu raison d'elle, elle aura chuté à la dernière marche, devant l'immensité de la fonction.



Soit c'est une stratégie. Paraître si mauvaise durant ce débat aura réconforté tout le monde : impossible que cette femme soit présidente. Alors dans ce cas, pourquoi ne pas prendre un week-end prolongé ? Pourquoi aller mettre un bulletin pour Macron alors qu'il nous laisse tiède tout au plus ?

Ce serait beaucoup plus habile qu'on l'aurait cru, bien plus pervers et bien plus dangereux, car seule l'abstention pourrait permettre à Le Pen d'être élue.

C'est une théorie qu'il ne faut pas négliger, même si le stratagème était involontaire.

Dimanche, votons pour Macron. Et partons en week-end, l'esprit tranquille, après.

CC
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