22 mars 2010

L'abstention comme stratégie

Ils sont allés à la pêche...Mais pour pêcher quoi ?


C'est la réflexion de Seb Musset qui m'a conduite à écrire cet article, initialement publié sur le Figaro.fr.

Et si l’abstention faisait partie de la stratégie de l’UMP... Et des autres ?

Ce soir, sans doute, sur les plateaux de télévision, on nous affirmera que le grand gagnant de l’élection, c’est l’abstention. Le représentant de l’UMP qui sera là, appelons le Xavier Lefebvre, déclarera sans doute que c’est donc un désaveu de la politique des présidents sortants des régions, de la politique de la hausse des impôts et tout le tintouin habituel.

L’UMP sera, dans le fond, bien contente de trouver l’excuse de l’abstention pour se mentir et nous voiler la face quant à l’échec cuisant qu’elle viendra de subir.

De son côté, le PS sera ravi, bien sûr, de la victoire et fera comme si l’abstention n’était rien d’autre que l’expression normale de la démocratie, sans se demander si ceux qui se sont abstenus auraient voté ou pas pour eux.

C’est pour cela qu’on peut se demander légitimement si le dégoût pour la chose politique que l’on insuffle doucement mais sûrement au peuple, n’est pas un calcul...

Par deux moyens égaux dans leur bassesse, on nous fait comprendre que la politique manque d’intérêt.

On met en avant l’incompétence, les magouilles, les affaires de justice, les petites phrases qui devraient rester dans le caniveau... Et l’électeur lambda va à la pèche sur l’air de «tous des pourris.»

Deuxième solution : on abaisse doucement le niveau culturel des citoyens, en dégradant le système scolaire, on les gave de télé-réalité, de pub, d’envie de consommer et de gâteaux trop sucrés, à la mode des «soaps» américains. Et l’électeur s’en va consommer le dimanche des les supermarchés du «travaillez plus, pour consommer plus à crédit», sur l’air de «la politique, on n’y comprend rien du tout.»

On nous fait aussi comprendre depuis des années que l’économie et la politique sont maintenant mondialisées, que tout cela nous dépasse, mais surtout, qu’il n’y a pas d’alternative, au sens anglophone : T.I.N.A. There is no alternative... Il n’y a donc pas de vrai choix possible... Dans ce cas, à quoi bon voter ?

J'ajoute, en ce matin de gueule de bois pour l'UMP, que personne ou presque n'a évoqué l'abstention, hier soir. Balayée. Comme si la victoire des uns permettait de faire une croix dessus et comme si l'échec des autres venait d'ailleurs, notamment de la crise, ce qui continue de nous faire marrer, même après une nuit de sommeil...

C'est bien pour ça, finalement qu'il faut aller voter : on croit toujours que l'abstention va être entendue. Elle ne l'a été qu'au premier tour...Comme pour encourager celle du second tour.

Elle n'est finalement pas entendue du tout.

CC

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1 commentaire:

  1. Je ne suis sans doute pas le seul à penser que la gauche commence à gauche du PS, mais aussi à plus forte raison à gauche d'EE. On sait ce que valent ces formations sur le terrain des Assemblées, on sait ce qu'elles valent au Parlement européen : il faut un grand courage pour malgré tout aller voter, en sachant que l'étiquette que l'on met dans l'urne ne récoltera même pas, le plus souvent, le droit au remboursement de la campagne (+ de 5%).

    Pauvre France, pauvres citoyens qui font ce qu'ils peuvent ! Voter au premier tour avait une utilité ; au second tour, il fallait vraiment vouloir faire acte de citoyenneté pour se déplacer.

    Je crains les prochaines présidentielles : se retrouver au second tour avec le choix entre NS et DSK, ou NS et un autre de la droite "officielle", ou une configuration du même type, c'est s'obliger à ne se lever qu'à 20 heures, ou plus du tout...

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