13 septembre 2011

Les profs, ces privilégiés...

Les enseignants français sont payés à coup de lance-pierres. C'est l'OCDE qui le dit. Par rapport aux enseignants des pays Européens, un enseignant du primaire touche environ 3000 dollars de moins par an.

Ce n'est pas nouveau. Mais d'habitude, les enseignants français préfèrent axer leurs revendications sur les manques de moyens pour les élèves : les suppressions de postes, le manque d'heures pour fonctionner, les fermetures de classes, les effectifs trop lourds.

Les professeurs français sont pris d'une sorte de modestie : ils se sentent privilégiés par rapport au reste de la société. Ils côtoient souvent toute la misère du monde à travers leurs élèves, alors, ils n'osent pas se plaindre.

Souvent, au plus profond d'eux-même, ils se disent : "Oui, j'ai un bac plus cinq, oui, j'ai des amis qui étaient à la fac avec moi, qui bossent dans le privé et qui gagnent le double que moi, mais bon, j'ai la sécurité de l'emploi et de nos jours, ne pas être au chômage, c'est déjà beaucoup. Et puis je ne suis pas à plaindre, il y a pire que moi...En plus, il y a d'autres priorités."



En fait, les professeurs n'ont pas tort. Mais ils n'ont pas totalement raison non plus. Des professeurs au rabais, ce n'est pas l'idéal. Cela ajoute des soucis à un métier qui est déjà stressant. Cela décrédibilise toute une profession que l'on a déjà l'habitude de brocarder facilement...

Les enseignants vivant à Paris tirent la langue plus que les autres : ils ne peuvent plus se loger. J'ai une amie institutrice qui gagne moins aujourd'hui qu'il y a 2 ans. Les cotisations retraites ainsi que les complémentaires santé ont augmenté. Et la vie est largement plus chère.

Moi-même, depuis quelques mois, je rame aux alentours du 20...

Pourtant, je ne suis pas sûre que l'on fasse beaucoup pleurer dans les chaumières avec ça...Il y a une grève le 27, mais je pense qu'une fois de plus, les revendications ne seront pas autour de ce thème bassement matériel...

CC


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13 commentaires:

  1. Merci.[très gros merci]
    Mentionnons :
    - les instit's qui ont un logement de fonction : que leur arrive-t-il lorsqu'ils tombent durablement malades ou doivent prendre leur retraite ?
    - les instit's qui tombent malades (ma soeur, leucémie) et qui se retrouvent avec 1 000 € par mois ... et leurs enfants qui ont l'outrecuidance de continuer à avoir faim au mois trois fois par jour ... si ce n'est plus ...

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  2. En fait les instits sont comme beaucoup de français, nous-même, ma femme avec son smic de chez carouf et moi, ramons dès le 5 du mois. Il est vrai que la pente est difficile à remonter en tant que famille recomposée.

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  3. Pas simple la vie de part et d'autre!
    je n'envie personne en ce moment, par contre ceux qui se sont goinfrer sur les loyers vont bientôt le payer au comptant car le nombre d'impayés explose!

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  4. Pour l'année 2008 :
    Part de la richesse nationale consacrée à l'éducation en Islande : 7,9 % du PIB.
    Part de la richesse nationale consacrée à l'éducation en Corée du Sud : 7,6 % du PIB.
    Part de la richesse nationale consacrée à l'éducation en Norvège : 7,3 % du PIB.
    Part de la richesse nationale consacrée à l'éducation en Israël : 7,3 % du PIB.
    Part de la richesse nationale consacrée à l'éducation aux Etats-Unis : 7,2 % du PIB.
    Part de la richesse nationale consacrée à l'éducation au Chili : 7,1 % du PIB.
    Part de la richesse nationale consacrée à l'éducation au Danemark : 7,1 % du PIB.
    Part de la richesse nationale consacrée à l'éducation en Belgique : 6,6 % du PIB.
    Part de la richesse nationale consacrée à l'éducation en Nouvelle-Zélande : 6,6 % du PIB.
    Part de la richesse nationale consacrée à l'éducation en Suède : 6,3 % du PIB.
    Part de la richesse nationale consacrée à l'éducation en Argentine : 6,1 % du PIB.

    Et en France ?
    Part de la richesse nationale consacrée à l'éducation en France : 6,0 % du PIB.
    1995 : 6,6 % du PIB.
    2000 : 6,4 % du PIB.
    2008 : 6,0 % du PIB.

    C'est à la page 246 :

    http://www.latribune.fr/static/pdf/rapport_OCDE_13092011.pdf

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  5. Je subviens tout seul à mes maigres besoins et, en effet, je me demande comment font les enseignants pour entretenir une famille à Paris ou région parisienne, par exemple. Les profs, les nouveaux pauvres ?
    Oui, diront certains, il y a pire, mais est-ce une raison pour s'aligner sur le pire ?

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  6. Et le 27, serai avec vous en pensée !

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  7. En fait, prof. ou pas... on en est tous là... on tire la langue le 20 du mois ;-)

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  8. Bonjour,
    @Apolline : oui...et la Sécu qui rembourse de moins en moins... (http://www.engagee.fr/archive/2011/09/14/rendez-nous-notre-secu.html)

    @El Camino : oui, c'est super dur pour tout le monde...Parmi mes élèves, je vois la misère...C'est pour ça qu'il est quasi impossible de se plaindre...Mais on ne peut pas toujours se dire qu'il y a pire, on ne peut pas sans cesse niveler vers le bas...

    @ThierryRégis : oui, les loyers, c'est épouvantable...Surtout sur Paris (lire Seb Musset, bien sûr !)


    @BA : Et pourtant, Luc Chatel se vante du budget énoooorme de l'EN...c'est à vomir...La droite casse l'école...

    @Laurent : oui, moi aussi, dans la case "je suis privilégiée", je coche : "je n'ai pas d'enfant" et aussi "j'habite en province"...Sinon? Je n'y pense même pas...Le 27, je ne sais pas si beaucoup de profs feront grève : perdre un jour de salaire, c'est chaud...

    @Val1603 : oui, tous...quand est-ce que les salaires augmenteront ? Et pourquoi on nous agite toujours l'épouvantail de l'inflation ? Et comment une "société de consommation" peut tenir s'il n'y a plus de "consommateur" ? On marche sur la tête, hein ?

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  9. idem, je te remercie beaucoup de ton article, avec lequel je suis à 100% d'accord. Je me retrouve dan la même situation que toi : prof (depuis peu, pour moi), sans enfant à charge et n'habitant pas Paris (mais une grande ville tout de même, donc un loyer forcément assez conséquent)... et malgré mon niveau d'études je me retrouve à la fin du mois à manger des pâtes (ok, avec une sauce tomate, n'exagérons rien).
    Et comme toi, je suis confrontée à des élèves dont les familles, pour le coup, ont très peu - du coup il est difficile de pousser une gueulante sur les salaires - même si on est tenté - vu que d'autres vivent pire encore. Mais comme dit Laurent, pourquoi forcément s'aligner au pire?
    Idem, ce qui me désole le plus ce sont les conditions dans lesquelles les profs et les élèves sont forcés de travailler. Les réductions de postes et manques de moyens dans les salles de classe, je les ressens largement dans mon quotidien.
    Une chose est certaine, je serai là le 27, à crier mon mécontentement. Je trouve dégueulasse de taper dans le budget de secteurs vitaux comme l'éducation, la santé, alors que des secteurs comme les finances continuent de s'en mettre plein les poches, et que les salaires des grands patrons se comptent dans les millions. C'est obscène...

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  10. Bonjour ! (Attention, coup de gueule)

    Merci pour cet article qui me fait ressentir ce que je ressens, bien que moi, j'irais jusqu'a dire que c'est bien triste d'etre professeur de francais en France, et je sais de quoi je parle. Des tas d'annees d'etudes et de concours (difficile) pour finalement ne faire limite que dans l'humanitaire... dans l'enseignement, sans vraiment avoir choisi cette branche.(il ne faut pas oublier que ce n'est pas un boulot facile, et qu'on bosse aussi chez soi) J'etais mieux quand j'etais benevole... Les conditions de travail sont une honte, pour les eleves comme pour les enseignants. Les autres pays nous critiquent fortement a ce sujet, d'ailleurs. (Et puis... l'ecole pour tous, mais pas n'importe comment, est ce vraiment impossible ?) Aucune valorisation de l'emploi, et meme pour un poste de fonctionnaire, c'est franchement pas terrible... En Asie, tu es prof, tu es respecte... et tout de meme plus riche, bah ouais haha. En France, les profs se font limite insulter, denigrer, depriment (et les eleves le ressentent) et finissent par se raccrocher a cette seule idee qu'ils pourraient peut etre sauver un eleve de l'illetrisme, entre deux perdiodes de vacances. Je vais etre honnete, j'ai bosse dur et longtemps, et je ne viens pas d'un milieu riche. Au contraire. Je merite d'etre mieux payee et plus respectee. Surtout que franchement, l'educatiom, c'est tout de meme important... non ? Enfin je dis ca... Mais le gouvernement est nul, il ne voit pas loin et ne considere que son propre interet dans l'immediat. Et on se demande pourquoi que donc la fuite des cerveaux... hahaha. Moi, qui vis en Asie, je ne suis pas fonctionnaire, mais je suis mieux consideree et mieux payee. Je suis triste pour les eleves qui sont dans la misere, mais je ne vais pas me priver pour ca. Il faut savoir faire la part des choses, comme dans tout metier. Perso, je ne parle pas de mon salaire avec me eleves O_o. Les profs francais, limite des heros de la nation, tout de meme.
    CF

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  11. Alors là j'ai un peu de mal... Je suis d'accord sur le fait que les fins de mois peuvent être difficiles. Mais c'est bon!!!

    J'ai travaillé pour l'éducation nationale, je gagnais jusqu'à il y a quelques jours 560 euros par mois, pour un 20h (plus que les profs de collège, un tout petit peu moins que les profs de primaire) et j'ai un bac plus 5 aussi!
    Un jour j'ai vu la fiche de paye de ma collègue qui est prof depuis 6 ans: 1700euros... Je suis désolée mais j'ai du mal à plaindre les profs pour ce qui concerne le salaire. (Les conditions d'enseignement, les gamins et leurs situations, le remerciement du reste du monde, ce sont d'autres histoires!) Les profs sont certes moins payés que dans certaines branches du privé ou dans d'autres pays mais essayez de vivre avec moins de 60 euros par mois et on en reparlera!

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  12. @Jellybaby : oui, les conditions, les projets au rabais, le fait qu'on nous demande toujours plus pour toujours moins, sur notre temps personnel...que tout semble au rabais, depuis le stylo pour le tableau, jusqu'au projet pédagogique...J'en ai marre...Surtout ce soir...

    @CF : tu as bien fait de partir...

    @Ju : oui. Si tu relis mon article, tu verras que j'écris que les profs ne se plaigne pas, pour toutes les raisons que tu écris. Évidemment, un jour ou l'autre, on sera payé 60 Euros par mois. On mangera des épluchures de patates mais on fera quand même des cours de qualité. Et en même temps, on remboursera les traites de l'emprunt qu'on a contracté pour faire nos études. Et puis la nuit, on sera pompiste pour compléter le salaire.
    On peut toujours regarder vers le bas. Mais on ne se grandit pas...Et nos élèves ne peuvent pas se sentir portés par l'enthousiaste délirant de leurs enseignants, de cette façon.

    Euh...sinon, 560 Euros pour 20h de prof, vous devriez vous syndiquer, car ce n'est pas tout à fait normal. Il y a les prud'hommes, aussi...

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  13. Tout à fait d'accord avec cette analyse. J'ajouterai que les concours sont difficiles, que le niveau de diplôme exigé pour les passer de plus en plus élevé (le bac il y a 20 ans, bac+5 aujourd'hui, y compris pour les enseignants en élémentaire)et que la rémunération n'a pas changé en conséquence.
    Et s'entendre dire, "oui mais il y a les vacances", on se blinde, mais parfois on échangerait bien sa place une semaine, juste pour voir...

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