25 avril 2012

Faisons le point sur l'éducation, dans la campagne.

Je suis en vacances, mais il est temps de faire le point sur l'éducation.

Dans la campagne, finalement, on n'en a pas parlé tant que ça. Il semble parfois que la droite, qui mène le débat ne s'adresse qu'aux vieux. L'éducation ne les concerne pas vraiment...

Le projet de Sarkozy est rapide. Même un 6ème qui lit à peine serait capable de le parcourir. Sept points minuscules, consistant à vouloir faire toujours plus et toujours mieux avec toujours moins de moyens. Des engagements qu'il ne pourra pas tenir...

Du côté de Hollande, par contre, il y a eu du travail. Si vous avez suivi un peu, vous savez que le PS met ce sujet au cœur de son programme. En tête de proue, même. Et évidemment, les contradicteurs disent que ça va ruiner la France. Il propose en effet de créer 60 000 postes dans ce secteur, en 5 ans. Pas seulement des professeurs : des surveillants, des infirmières, des COPSY. Et croyez-moi, on en a besoin aussi, dans les établissements.

C'est donc à cela qu'il faut répondre en premier : non, ce projet n'est pas extrêmement coûteux.

Selon l'Institut Montaigne (think tank libéral), cette mesure coûtera en moyenne 1,7 milliard d'euros par an, soit moins que ce que FH avait lui-même annoncé. Un chiffre à comparer à la baisse de la TVA sur la restauration décidée par Nicolas Sarkozy, qui coûte à elle seule chaque année environ 2,5 milliards d'euros. 

Mais ces créations de postes ne coûteront en réalité rien au budget de l'Etat puisqu'elles seront intégralement compensées par des redéploiement.
Hollande propose aussi de remettre en place une vraie formation pour les enseignants débutants. Sarkozy avait supprimé cela : rendez-vous compte, un métier aussi difficile sans aucune formation ! Ou comment dégoûter les jeunes de se lancer dans la profession...

Ensuite, Hollande veut revoir les rythmes scolaires. C'est un dossier difficile, parce que les lobbies du tourisme font le calendrier depuis des années. Mais qui sait...

Il veut aussi renforcer l'école des petits : l'école dès 3 ans est une bonne chose pour le développement des enfants, contrairement à ce que Darcos voulait nous faire croire.

Les propositions sur l'éducation prioritaire me semble aller dans le bon sens : il faut notamment stabiliser et aider les enseignants, dans ces zones où le métier est encore plus difficile qu'ailleurs. Ces dernières années, l'éducation prioritaire ne l'était plus vraiment : un rapport récent de la cour des comptes l'a encore montré.


Il faut aussi renforcer l'éducation professionnelle, au lycée. Cela me semble évident : il faut plus de places, plus de filières pro pour les élèves. Et il faut aussi que les professeurs soient formés pour envoyer leurs élèves vers ces filières qui sont souvent très épanouissantes et qui conduisent vers de vrais métiers.

Ensuite, ce sont les méthodes pédagogiques qui sont en question dans le programme : c'est une bonne chose. A vrai dire, en 7 ans de carrière, je n'ai pas eu de vraies formation à ce sujet. Mis à part quelques conseils de ma tutrice et les lectures personnelles que j'ai faites, on ne m'a pas formée à ce sujet. C'est d'ailleurs pour ça qu'il faut absolument que la formation des professeurs devienne une réalité très vite.

A ce propos, je me permets de vous conseiller (si vous êtes enseignant) le site de Patrick Picard, dont je vous reparlerai sûrement plus tard. 

Pour continuer, Hollande est le seul, dans son programme à parler de la souffrance des enseignants : le sentiment d'être mal traité, par les politiques, les médias et la société s'est fortement aggravé ces dernières années. Il faut revaloriser le métier. C'est un pilier de notre société.

Enfin, il propose de retravailler les programmes, ce qui n'est pas une surprise, puisque c'est le cas à chaque élection. L'idée, cependant, est louable, puisque c'est pour mieux coller au socle commun de compétences et de connaissances qui est désormais une loi commune aux pays européen, ayant pour but de lutter contre illettrisme.

Mais il y a aussi un plan pour l'éducation numérique, un plan pour l'éducation artistique, renouer avec la laïcité, prévenir la violence à l'école, mieux aider les décrocheurs, rapprocher l'école et les parents, faire une nouvelle carte scolaire, réformer l'orientation...

Bref, on sent que le PS a réellement réfléchi à la question et ne s'est pas contenté de balancer quelques idées en pâture au journaliste. C'est agréable !

CC

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14 commentaires:

  1. Tu oublies qu'il met en avant l'école du socle, comme la droite, même s'il a déclaré vouloir abandonner le LPC. Ça, c'est un vrai problème de fond.

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    1. Je le note en fin d'article : le socle est une loi européenne pour lutter contre l'illettrisme. En soi, ce n'est pas si mal. Il ne faut pas oublier que ce socle a pour objectif de donner un niveau minimal à tous et que même s'il ne parle pas du niveau maximal qui doit être celui du plus grand nombre, il ne l'interdit pas...

      Je ne sais pas si je me fais bien comprendre : en gros, le socle est ce que son nom indique : une base. Il est évident que les enseignants ne doivent pas s'en contenter pour leurs élèves, mais qu'il permet d'exiger un minimum pour chacun, ce qui me semble une bonne chose.

      C'est comme cela que je le comprends...

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    2. Oui, mais il porte un vice en soi : à partir du moment où il y a un minimum, cela signifie qu'on se contentera pour les plus faibles, comme pour les élèves de l'éducation prioritaire, de ce minimum et qu'on fera le maximum pour les autres. Le socle, c'est la formalisation de l'inégalité de notre système éducatif. Il faut une haute ambition pour tous, et pas seulement pour les meilleurs.

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    3. Je crois que pour les élèves de l'éducation prioritaire (que j'ai en classe, au collège), c'est plutôt positif d'avoir une idée précise des priorités absolues et non négociables. C'est aussi ce qui correspond au niveau 5ème, évalué en 3ème, et qui ne correspond donc pas à la fin de l'éducation obligatoire à 16 ans. Donc pour la grande majorité des élèves, ce palier sera dépassé à la fin de la scolarité.

      C'est une histoire d'interprétation, je crois. Mais j'avoue qu'au début, j'étais aussi réticente que toi. Je vois ce socle comme un outil, désormais (après de longues discussions avec des collègues et des IPR...)

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    4. Je fais la même lecture du socle que CyCee Bah. Assurez à tous ce dont nul ne peut ignorer ne signifie en rien se concentrer de ce minimum ... surtout que pour l'instant beaucoup ne le maîtrise pas.
      C'est une erreur d'en faire une lecture libérale. Du reste la droite l'a bien laissé tombé ces dernières années ou l'a totalement dénaturé.
      Quant au LPC, utiliser comme il l'est le plus souvent actuellement, ce n'est évidemment pas la panacée. mais remanié, et utiliser à bon escient, il peut devenir un vrai outil de suivi des élèves pour les aider à progresser. Je n'ai pas entendu que Hollande voulait le supprimer, ni Peillon ou Julliard.

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    5. @ Laurent : je crains que les enseignants des bahuts les plus durs se contentent du socle, non parce qu'ils le souhaitent, mais parce qu'ils le feront de guerre lasse devant les difficultés des élèves. Par contre, dans les bahuts centraux de Paris, tout le monde se fiche du socle mais insiste sur la culture académique nécessaire à l'accès aux bonnes classes prépas...

      D'autre part, le socle a souvent servi de point d'appui pour des attaques contre un enseignement qui ne s'appuierait que sur des connaissances rabâchées aux élèves dans des cours magistraux sans intérêt, ce qui est profondément méconnaître la réalité du système éducatif : comment enseigner sans mêler compétences et connaissances ??? Il n'y a que les idéologues détestant l'école publique pour réfléchir comme cela.

      Peillon a dit qu'il supprimerait le LPC (en tout cas son application actuelle) dans une rencontre avec la FSU, tout en insistant pour le maintien de l'idée d'école du socle. Je pourrais éventuellement retrouver l'article, mais il faut que je cherche... :)

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  2. Je vous en prie, sortez-vous la tête du programme Hollande, ce n'est qu'une liste de promesses intenables ou de vœux pieux du genre "mettons en valeur les profs". Cet homme sera très certainement élu dans quelques jours, et je peux vous assurer que vous vous en mordrez les doigts dans 5 ans. Non pas que son opposant est mieux, mais de là à s'enthousiasmer pour un tel escroc!
    Lisez attentivement cela, peut-être cela vous réveillera un peu...
    http://decodeurs.blog.lemonde.fr/2012/02/17/isf-et-postes-dans-leducation-les-mauvais-calculs-de-francois-hollande/
    La seule recette pour Hollande sera celle faite sur les impôts des Français, qu'il n'arrêtera pas d'augmenter. On court à la catastrophe.

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    1. J'ai tendance à croire le think tank libéral qu'est l'institut Montaigne : ce n'est pas un nid de communistes...
      Et ensuite, l'investissement dans l'avenir me semble une bonne chose, mais là, c'est un choix politique. L'Europe l'a dit hier, d'ailleurs : il ne faut pas que de l'austérité, il faut aussi de la croissance et du pouvoir d'achat. La politique de Sarkozy nous dessèche.
      Et je préfère une éducation nationale forte, pour tous plutôt qu'un système à l'Américaine dans lequel tu es obligé de mettre des mômes dans le privé si tu veux qu'ils réussissent...

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  3. Mais non FH n'augmentera pas les impôts pour défendre les services publics. Mais oui vous continuerez à payer de plus en plus cher! (voir écoles privées, téléphones portables, internet et j'en passe,), que vous devrez aller en clinique hors de prix pour vous soignez, quand plus un seul fonctionnaire ne travaillera, que vous payerez tout de plus en plus, que vous n'aurez de services que pour ce qui rapporte, que le nombre des chômeurs continuera à augmenter entrainant inexorablement son accroissement ( ce qu'on appelle un cercle vicieux)
    Alors là oui, seras tu vraiment heureux ?
    Et si tu as des enfants veras tu leur avenir en "rose"
    PS hélas je ne crois pas pour beaucoup de raison (nucléaire, ...) en Hollande. Je ne voterai pas d'autant plus pour quelqu'un qui veut faire le grand écart entre gauche, droite et extrème droite. Mais je vous souhaite quand même que votre choix soit le bon et qu'on puisse dire,non pas que vous aviez raison, mais que vous n'aviez pas tort.

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    1. Oui, on est dans un moment de choix...Faisons le bon...

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  4. Je doute fort qu'il ait les moyens de sa politique. Les premiers à avoir fait du tort à l'éducation nationale, furent les socialistes avec Allègre .... et combien! Ne l'oublions pas!
    Dégraisser le mammouth, ça ne vous rappelle rien ?

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    1. Allègre était un sarkozyste déguisé : on le sait maintenant !
      :)

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  5. L’excellence pour chacun n’est pas un luxe : c’est une obligation républicaine et démocratique qui ne doit souffrir d’aucune exception. Tous les enfants, quels que soient leurs lieux d’habitation (à la ville comme à la campagne), quel que soit leur environnement socioculturel, doivent avoir droit au « meilleur » possible.

    L’École doit donc repenser profondément son fonctionnement pour répondre aux exigences suivantes :

    - Aucun jeune ne doit sortir du système éducatif sans la maîtrise d’un Socle Commun de Connaissances et de compétences. La réflexion, engagée depuis 2005 et aujourd’hui au stade de la mise en pratique à la rentrée prochaine d’une évaluation renouvelée au collège et en lycée professionnel, doit être approfondie et faire l’objet d’une concertation collective de l’ensemble des acteurs de l’école élémentaire au lycée

    Pour en savoir plus à propos du Socle Commun de Connaissances et de Compétences : Voir la Loi du 23 avril 2005 + décret n°2006 – 830 du 11 juillet 2006.

    Comme souvent en France, nous préférons brûler a priori et sans évaluation sérieuse, les innovations (qu’elles soient de gauche ou de droite). Ainsi en a-t-il été des IUFM voués aux gémonies dès leur naissance, y compris par une certaine presse relayant des propos élitistes.

    La situation est assez semblable sur la question du « Socle commun » :

    L’idée est intéressante car elle invite à sortir des habitus scolaires. Introduisant une clarification sur les objectifs de l’école obligatoire – donc une certaine lisibilité – elle a surtout le principal mérite de servir de cible, par ses propositions, à une discussion citoyenne et professionnelle.

    En effet, ce n’est pas un programme, ni une addition de programmes disciplinaires agrémenté par une touche d’Éducations à … C’est un tableau de bord de ce que pourrait être une cohérence d’ensemble des acquis d’un jeune sortant à 16 ans du système éducatif, en contradiction donc avec la tradition française d’une École plutôt conçue comme une « petite Sorbonne » dès le primaire. Ainsi les disciplines scolaires sont-elles incitées à concourir – chacune dans son champ de compétence – à l’acquisition de connaissances, certes, mais également de compétences (plus générales) et d’attitudes.
    A suivre....

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  6. Suite...
    - La question récurrente de la précocité des difficultés scolaires chez certains élèves, dès le Cours préparatoire, sera l’objet d’une action spécifique :

    • mise en place immédiate de tous les moyens de remédiation, soutien, aide individualisée (intervention d’orthophonistes…) ;
    • valorisation de toutes les formes d’activités (techniques, artistiques, physiques, culturelles, numériques, de découverte de l’environnement…) parallèlement à celles ayant trait aux acquis fondamentaux. Il s’agit de permettre aux élèves d’y trouver sens et plaisir et de lutter contre le découragement de ceux qui vivent, dès le début de la scolarité, des apprentissages qui les mettent en échec. L’échec est une souffrance, donc une violence pour soi qui peut engendrer des violences contre les autres.
    • les programmes devront être repensés – dès le primaire – pour imaginer des passerelles entre toutes ces formes d’activités permettant à chacun, en fonction de ses talents, d’atteindre ses meilleures performances dans chaque domaine. L’excellence des savoirs passe par l’excellence des apprentissages.
    • institutionnalisation de la concertation interne à chaque cycle et surtout inter-cycles : le passage du primaire au secondaire (CM2 à la sixième en particulier) fera l’objet d’un travail collaboratif tout au long de l’année.

    On voit bien là que nous nous inscrivons en complet désaccord avec ce qui est présenté comme la nécessité d’un diagnostic précoce des comportements violents. L’échec de certains enfants à l’école, la souffrance ressentie par eux, peut se transformer en violence faite à eux-mêmes et aux autres. Mais, sauf cas rares, cette réponse impuissante n’est qu’un symptôme, une conséquence, et en aucun cas une « racine ». S’il faut cadrer les effets inadmissibles pour la collectivité des incivilités et des violences, c’est à leurs causes que l’École doit apporter des réponses.

    - plus globalement, au cours de l’ensemble de la scolarité obligatoire, tous les moyens seront mis en œuvre (alternance, passerelles, modules de spécialisation) pour que chacun aille au meilleur niveau possible pour lui et puisse appréhender positivement une insertion dans le monde professionnel.

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