16 janvier 2010

Bah, interj.

Bah, interj.
Fam.
Exprime, suivant la nature du ton, l'étonnement mêlé de doute, l'absence de surprise ou de désappointement; ou au contraire, et le plus souvent, l'indifférence ou l'insouciance :
1. − Voilà un grand malheur, ai-je dit. − Bah!, reprit Ampère, c'est partout la même chose.
Delécluze, Journal, 1825, p. 136.

2. − O Pauline, m'écriai-je en lui serrant la main, je voudrais être riche!
Bah! Pourquoi? dit-elle d'un air mutin.
Balzac, La Peau de chagrin, 1831, p. 153.

3. − Mon lieutenant, dit La Guillaumette, nous cherchons de l'argent que nous avons perdu.
− Ah bah!
L'étonnement outré qu'il affectait avait toute l'insolence d'un démenti à froid.
Courteline, Le Train de 8 h 47, 1888, 2e part., 9, p. 201.

4. Le cousin continuait, hésitant et désabusé : − Je puis pas bien vous dire. Je sais pas si j'aurai l'argent. Ça doit être vendu vendredi matin, dernier délai? Je vous enverrai bien une dépêche la veille ou le matin?
Ah! Bah! Bah! Bah! Vous savez bien que pour vingt mille de plus vous feriez la bonne affaire.
Malégue, Augustin, t. 1, 1933, p. 204.
Rem. Souvent répété ou en loc. exclam. ah bah!
Emploi subst., rare :

5. Bah! Signifie Ce mal est peu de choses, et on y va remédier. Ce bah! me paraît inusuel. On dit ce n'est rien! Le bah! usuel exprime insouciance, celui-ci énergie.
G. Esnault, [Commentaire des Misérables lors du dépouillement I.G.L.F.], 1937.

PRONONC.− 1. Forme phon. : [bɑ]. 2. Homon. : bas, bât.

ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1170 ba interj. marquant le doute (Rois, p. 36, Ler. de Lincy ds Gdf. : Mais les fiz Belial distrent entre sei : Ba! purrad nus cist de nos enemiz salver?), attest. isolée; non attesté dans les dict. jusqu'à 1823, Boiste; 2. ca 1200 ba interj. marquant refus, négation, mécontentement (Aucassin et Nicolette, éd. H. Suchier, 10, 45 ds T.-L. : Pere, fait Aucassins, ne m'alés mie sermonant, mais tenés moi mes covens. − Ba! Quex covens, biax fix?); seulement dans ce texte et non attesté dans les dict. jusqu'à 1823, Boiste; 3. 1216 ba interj. marquant l'étonnement (R. de Clary, Constantinople, éd. Hopf, 101 ds T.-L. : ba, seigneur, dene connissiés vus que che fust chi femme Kyrsaac? ... Ba, dene me connissiés vus?) − 1285, J. Bretel, Tournois Chauvency ds T.-L.; non attesté dans les dict. jusqu'à 1823, Boiste; 4. 1794 bah interj. marquant l'indifférence (Fabre d'Églantine ds Lar. 19e : ... Malgré vous et les vôtres, On vous fera bien voir... − Bah! j'en ai bien vu d'autres).

Onomat., imitant les cris d'étonnement, etc., dans la lang. parlée; à rapprocher du verbe batare « bayer* » dér. d'une onomat. de forme voisine, exprimant l'étonnement dans diverses lang. i.-e. (cf. IEW, s.v. bata-).

STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 396. Fréq. rel. littér. : xixe s. : a) 1 634, b) 4 001; xxe s. : a) 1 979, b) 1 208.
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1 commentaire:

  1. La banalisation du racisme anti-musulman ?

    Bah !

    A Marseille, Gaudin voit « des musulmans déferler. »

    Débat sur l'identité nationale, hier à Marseille, en présence du ministre de l'immigration, Eric Besson. Où les participants, pourtant triés sur le volet, ont fustigé les propos du maire qui, peu avant, lors d'une rencontre avec les militants UMP, avait parlé de « 15.000 à 20.000 musulmans déferlant dans les rues de Marseille » le soir de la victoire de l'équipe d'Algérie contre l'Egypte.

    Pas de quoi émouvoir Eric Besson, qui affirme que Nicolas Sarkozy « aura mis fin à l'expansion du Front national ».

    http://www.mediapart.fr/journal/france/160110/marseille-gaudin-voit-des-musulmans-deferler

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