26 mars 2025

Hitler à une bar-mitsva...


Vous avez des souvenirs de vos cours de 3e, en histoire ? Moi oui. Il faut dire que je révise un peu chaque année avec mes élèves qui passent le brevet. Ce qui est fou, c’est qu’on apprend toujours les mêmes choses que quand j’avais 14 ans : la première guerre mondiale, les crises économiques, la montée des extrémismes, les totalitarismes, la deuxième guerre mondiale, les grands équilibres du monde depuis 1945…La guerre froide, l’URSS ennemie jurée des Etats-Unis, le partage du monde entre les gentils démocrates et les méchants partout ailleurs. Ou, si vous avez eu une prof d’histoire un peu communiste sur les bords, le contraire. Je schématise, évidemment, je ne suis même pas prof d’histoire. 

Aujourd’hui, quand je vois Trump être si copain avec Poutine, j’avoue, je ne comprends plus rien. C’est le choc. Quoi ? Les impérialistes buveurs de Coca qui nous lavent le cerveau avec leur musique rock, leurs jeans et leurs films d’Hollywood, copains avec les communistes ? Les communistes, des gens sérieux, les inventeurs géniaux des merveilleux kolkozes, gloire de l’agriculture pour tous et inlassables défenseurs du prolétariat ? (Oui, j’ai eu une prof d’histoire communiste en 3e, j’avoue)...Mais comment comprendre ça, au delà de la caricature ? Oui, bien sûr, Poutine et Trump sont compatibles sur le fond, sur le mascunilisme, l’autoritarisme et les saintes valeurs réac. Aucun doute là-dessus, finalement, ce n’est pas surprenant. 

Mais vous avez regardé les infos, aujourd’hui ? Il y a pire : il y a Bardella en Israël. Cela ne vous donne pas une petite impression de Tintin au Congo à vous ? À minima…Le loup dans la bergerie, l’éléphant dans le magasin de porcelaine, tonton Hitler à une bar-mitsva avec une kalashnikov pour offrir au petit ? 

Sérieusement, comment un tel retournement de situation est-il possible ? Et comment une chatte pourrait y retrouver ses petits ? C’est un retournement des valeurs inédits. J’aimais bien le monde quand il y avait quelques idéologies un peu précises, finalement…

Finalement, on a été largement conditionné par quelques années de macronisme ou l’équivalent, durant lesquelles on nous a inculqué la fin des idéologies…Et maintenant, on n’y comprend plus rien…

 

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25 mars 2025

Guerre ou pas ?


Est-ce que, vraiment, Poutine pourrait nous faire la guerre ? C’est une question qu’on m’a posée, comme ça, dans la rue, alors que je promenais mon chien. Les gens savent que je suis élue, alors ils me posent des questions, à brûle-pourpoint. C’est une question que mes élèves m’ont posée aussi. Aux élèves, j’ai répondu, tu crois vraiment que c’est le moment, là, entre l’étude de l’anaphore et de l’oxymore ? Revenons à nos moutons. Mais au Monsieur dans la rue, j’ai bafouillé quelque chose du genre “Oui, alors si on considère qu’il fait la guerre à l’Ukraine depuis trois ans, sans franc succès, et avec déjà plus de 100 000 soldats qui y sont passés, paix à leur âme, je ne sais pas bien s’il est capable de venir nous reprendre l’Alsace et la Lorraine, en effet…” En disant cela, bien entendu, je savais bien que je taillais à la hache et que je ne saisissais pas l’entièreté des nuances qui font le charme des relations internationales…Mais mon chien tirait sur sa laisse et ne semblait pas très intéressé par la conversation. 

J’ai pris congé du Monsieur en me promettant toutefois d’y réfléchir plus avant. 

Alors est-ce que, vraiment, Poutine pourrait nous faire la guerre ? Nous allons bientôt recevoir un petit manuel de survie en période de crise, paraît-il. Et la fabrication de lingots d’or en Suisse ne s’est jamais aussi bien portée. Ce ne sont pas des signes très optimistes. 

Pour autant, doit-on vraiment craindre des bombardements, des pénuries, des couvre-feux, des drones, des risques nucléaires ou bactériologiques ? Ce que la télé nous envoie depuis Gaza ou depuis Kiev ? Les souvenirs de guerre transmis par nos aïeux ? L’occupation allemande, les tickets de rationnement, les départs pour le front de ceux qui ont fait l’Algérie ? Nous avons sans doute une idée assez vague de ce que pourrait être une vraie guerre. Encore moins une 3e guerre mondiale. 

Pourtant, Trump s’acoquinant avec Poutine, on ne sait plus trop que penser. 

Tout cela m’évoque la pièce de Giraudoux La Guerre de Troie n’aura pas lieu. Personne ne veut de la guerre, à commencer par l’auteur. Et puis, comme avait prédit Cassandre, celle qui dit la vérité, mais qu’on ne croit pas, la guerre à lieu quand même. Les mécanismes du tragique se mettent en place. La Machine Infernale. D’ailleurs, je préfère cette pièce de Jean Cocteau. C’est l’histoire d’Oedipe, dans celle-ci. Même époque : les années 30. On assiste, impuissants, à la mise en place implacable des éléments de la tragédie. L’escalade vers le désastre. Et on peut bien s’agiter dans tous les sens, le couperet tombe. 

Cela ne nous avance guère, ces pièces d’avant-guerre. 

Mais si l’on extrapole, Trump est peut-être un peu Priam et Poutine est sans doute assez proche d’Agamemnon. Un vieux roi un peu dépassé d’un côté, manipulé par son entourage, sûr de ses richesses et de sa puissance, et de l’autre, un roi avide de conquêtes, de terres, de puissance. Depuis que l’homme est homme, la guerre est son activité préférée. Avec le foot et dire du mal de ses voisins, ce qui revient à la guerre. 

Alors oui, la montée vers la guerre n’est pas impossible. 

Ce qui va se passer, c’est déjà une guerre dans les pays limitrophes de la Russie. Le grand rêve de Poutine, c’est de refaire l’empire de l’URSS. Il aura des alliés, des gars aussi nationalistes et réacs que lui. Trump l’aidera en échange de quelques mines, de quelques accords un peu bancals. Sûr de sa puissance, il dira que si les choses se passent bien, si les conflits ne durent pas longtemps, c’est grâce à l’Amérique great again. Il aura peut-être même un prix Nobel. 

Mais est-ce que l’Europe entrera dans la danse ? C’est la question. 

Macron aimerait bien. Vu qu’il n’est pas parvenu, en deux mandats, à entrer dans l’Histoire, la guerre pourrait bien être sa gloire. Il nous avait déjà fait le coup du temps du Covid. “Nous sommes en guerre.” Il adore ça. Vous avez vu comme il s’agite depuis quelque temps ? La France bouclier européen, réarmement, budget de la défense en hausse (alors qu’il n’y a plus de sous), Europe de la défense…Mais si l’on y regarde de plus près, cela est à horizon 2030, 2035. Alors la guerre, oui, peut-être, mais pas tout de suite. 

Enfin, je dis ça, je n’en sais rien. Suis-je Cassandre ? L’avenir le dira. Mais je le jure, je n’ai jamais rencontré Apollon.

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19 mars 2025

19 mars : commémoration du cessez-le-feu de la guerre d'Algérie


Si je devais écrire aujourd’hui à propos de la célébration du cessez-le-feu de la guerre d’Algérie, il me faudrait d’abord reconnaître que l’Histoire est faite, souvent, de choix contestables, de choix difficiles et que les plaies du passé ont parfois beaucoup de mal à cicatriser. Elles laissent des marques dans la chair, elles laissent des cicatrices qui restent douloureuses.

C’est bien le cas pour cette Guerre d’Algérie dont les douleurs nous parviennent encore. 

Il a fallu du temps, déjà, pour la nommer. Et tout ce que l’on ne parvient pas à nommer clairement ajoute de la confusion au monde. On parla longtemps d’événements avant de vouloir appeler cela une guerre. 

Et puis la date du 19 mars, même si c’est celle que nous choisissons aujourd’hui, est loin de faire l’unanimité. 

Après 8 ans de conflit, pourtant, les accords d’Evian viennent signer la fin de la guerre, après un cessez-le-feu déclaré par le président de la République et approuvé par un référendum où 90% des Français montraient leur volonté d’en finir avec cette guerre odieuse, sanglante, qui emporta tant de jeunes gens, qui provoqua tant de traumatismes dans chaque camp. 

5 Audincourtois périrent là-bas, parmi les plus de 2 millions d’appelés, parmi les près de 30 000 qui moururent. Ne les oublions pas. Pourtant, après ce 19 mars 1962, les armes ne cessèrent pas. Nous ne l’oublions pas non plus. Des massacres, des représailles, des actes de violence terribles eurent encore lieu.  

Quand nous en parlons, aujourd’hui, nous parlons effectivement d’une mémoire encore bien vivante. Cette mémoire, malgré la volonté d’avancer, de laisser derrière nous la culpabilité et la honte, la douleur, nous le constatons, cette mémoire est encore tellement vive qu’elle interfère dans nos relations avec l’Algérie.

Comment pourrait-il en être autrement ? C’est l’histoire de la colonisation. N’oublions pas, comme certains, qu’à partir de 1830, la France impérialiste et colonisatrice s’est installée avec force, avec violence, en Algérie, convaincue de sa supériorité, convaincue de sa puissance. Cette mémoire est tellement polémique encore… 

Il y a quelques jours, un journaliste, appuyé de tous les historiens de cette période, de Benjamin Stora ou de Johann Chapoutot, rappelait qu’en Algérie, c’était des dizaines d’Ouradour-sur-Glane qui avaient été perpétrés. Pour avoir rappelé cette vérité historique, il a été renvoyé de la radio sur laquelle il travaillait.  

Pourtant, pour avancer, il est temps de reconnaître, simplement, que la colonisation fut une horreur et que la guerre qui suivit, un désastre humain. Aujourd’hui, nous vivons une période si troublée, si dangereuse pour notre monde qu’il est nécessaire de savoir reconnaître les erreurs du passé. Non seulement pour ne pas les reproduire, mais aussi pour les prévenir, les voir arriver. 

Ce qui se passe en Ukraine, ce qui se passe aux USA, sachons le reconnaître : il s’agit d’un impérialisme puissant et dévastateur, une volonté de s’imposer partout dans le monde, de se diviser les terres, pour le profit de quelques uns et au mépris de l’humanité. 

Rien ne justifie la pensée qu’il existe des peuples supérieurs qui méritent d’être asservis. 

En ce jour de commémoration, souvenons-nous de cela. 

 Souvenons-nous aussi que l’histoire de l’Algérie et celle de la France sont intimement liées, pour toujours. Les velléités de quelques hommes politiques tentés par des idées xénophobes et prêts à fâcher la France avec ce pays pour défendre des positions populistes sont inacceptables.

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