26 février 2010

Complice du massacre de l'éducation nationale ?


...ou comment je contribue bêtement à la diminution du travail et donc des postes de profs d'art plastiques et de musique dans le secondaire...

Un vrai massacre...

Il faut dire que ces profs ont déjà un rôle de 5ème roue du chariot bringuebalant de l'éducation nationale : une heure par semaine et par classe de musique et d'arts plastiques...Que dis-je, une heure ? En 55 minutes...Et cela, sans même enlever le temps d'installation des élèves, le temps de retirer les manteaux, de sortir les affaires et de s'asseoir...Autant dire qu'il ne reste pas grand chose pour balayer 5 siècles d'histoire de la musique, pour chanter, pour aborder le solfège ou pour dessiner, peindre un peu, aborder les différents courants artistiques depuis le Moyen-Âge...

Bref, les profs sont déjà les rois de la frustration et du bidouillage pour en faire un maximum dans un minimum de temps...

Réjouissons-nous, alors ! Depuis cette année (de manière expérimentale, mais bien réelle, pourtant), tous les profs de plusieurs matières sont invités à faire de l'histoire des arts dans leurs cours. Sans pourtant avoir plus d'heures avec les élèves pour le faire et sans qu'on ait allégé le programme par ailleurs...Sans rémunérer plus les enseignants non plus, d'ailleurs.

Faudrait pas déconner et se mettre vraiment à travailler plus pour gagner plus...

Les troisièmes auront même la possibilité de passer une épreuve orale optionnelle au brevet.

Dans mon collège, tous les élèves ont été inscrits d'office et finalement, après que les profs ont râlé un peu, les élèves ont pu choisir de garder ou non cette option.

Au résultat, 20 élèves passeront finalement cette option assez ambitieuse si l'on en croit le programme officiel.

On ne sait pas ce qu'ils passeront, puisque l'organisation est à la charge des profs, qui ne sont pas rémunérés non plus pour ça. Un oral d'un quart d'heure est vaguement préconisé...Sur quoi ? A nous de le dire. Cela devra porter sur de l'art, être transversal, entre les matières participantes...L'histoire, le français, les langues, la musique et l'art plastique...

Comme ultime bravade, peut-être, nous avons choisi l'art et la guerre, l'art et la résistance, l'art contre le pouvoir...Cette mise en abîme changera-t-elle quelque chose ? Non...

Deux problèmes : je ne suis pas tellement spécialiste pour analyser des tableaux, des œuvres musicales, des films ou des œuvres architecturales. Je ne pense pas qu'une prof d'histoire le soit particulièrement à l'aise pour ça aussi.

Nous ne sommes pas formés pour cela. Seulement, c'est désormais au programme.


On connaît la ruse dont les politiques savent faire preuve quand il s'agit de supprimer des postes. En voilà encore un exemple : petit à petit on jugera que les profs de français et d'histoire, qui font pour pas un centime de plus de l'histoire de l'art, valent bien les profs de musique et d'art qu'il faut payer à temps plein...

Et l'art, à quoi bon ?

Suis-je complice de cela, en acceptant d'appliquer les programmes ? En mettant en place cela, sur mon temps libre, en plus...Je suis surtout une bonne poire, non ? J'y ai passé tout l'après-midi alors que je suis chez moi, d'habitude...Sachant que j'ai trois tonnes de copies à corriger, je m'en serais bien passé...
Bref...Attendez-vous à savoir que les profs d'art sont en voie de disparition, en échange de profs à tout faire, spécialistes avant tout en animations en tout genre, en gardiennage d'enfants et en punching-ball...

CC
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6 commentaires:

  1. Décidément ce ministère aura été un lieu hautement expérimental, un vrai laboratoire. C'est comme un pan de mur souillé par les traces d'un animal soucieux de délimiter son territoire et laisser son empreinte à une postérité incertaine.
    Luc ne dérogera pas à la règle et ses géniales trouvailles seront bientôt balayées par d'autres petits coquelets présomptueux aussi ignorants que lui.

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  2. J'aimerais tellement que tu aies tort et que tout cela soit un procès d'intention !

    L'idée de départ était au contraire de développer l'enseignement des arts, au-delà de la petite "heure" hebdomadaire.
    Et l'idée de montrer que l'art est "interdiciplinaire" me semble bonne.

    Mais cette idée ne dois pas être dévoyée. Et surtout, c'est une surcharge de travail pour des profs qui ne sont pas forcément armés (culturellement et pédagogiquement) pour faire le lien entre leur discipline et les arts.

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  3. « Attendez-vous à savoir que les profs d'art sont en voie de disparition, en échange de profs à tout faire, spécialistes avant tout en animations en tout genre, en gardiennage d'enfants et en punching-ball... »

    Mais enfin, ma pauvre, on n'en est plus là depuis déjà longtemps ! Des "profs" d'art ? Pff ! Apprenez-leur à plus ou moins écrire, ce sera déjà superbe.

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  4. Bonjour,

    @captainhaka : Je crois bien que c'est Xavier qui a mis ça en place...Mais c'est pareil, hein...

    @Thierry D. : bonne idée, c'est à voir. Mais de toute façon sans les moyens de la mettre en place, c'est juste de la poudre aux yeux.

    @Didier : Absolument. Ce serait déjà pas mal...Pour cela, il faut absolument repenser tout le système : il faut qu'on arrête de donner des heures "patchs" pour les études, le soutien, l'aide personnalisée, l'aide au travail, les IDD, les TPE...On met des patchs partout, les élèves ont des horaires infernaux et ils ont de moins en moins d'heures de cours portant sur les savoirs fondamentaux. Ça, c'est un vrai problème.

    On fait maintenant au collège une formation pour le B2i (l'informatique), l'ASSR (la sécurité routière), les premiers secours, la citoyenneté...et j'en passe. A côté de ça, les élèves lisent mal et ne savent pas écrire.

    Ça, c'est un vrai problème...

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  5. Ce qui serait sympa et enrichissant, dans tous les sens du terme, ce serait de proposer aux profs qui le veulent et qui sont les plus motivés de créer des projets interdisciplinaires, arts plastiques / français, biologie / arts plastiques, musique / mathématiques, etc.
    Bien sûr, ces projets deviendraient cohérents car élaborés par des professionnels et des spécialistes dans les deux disciplines. On pourraient même imaginer que ces projets devraient être rémunérés au cachet.
    Tiens mais ça me rappelle un certain "Travailler plus pour gagner plus." Est-ce qu'on nous aurait menti ?
    Mais comme d'habitude, on ne nous donne pas les moyens de réaliser des choses formidables pour nos élèves.

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  6. Oh, ça me rappelle avec émotion mon premier job : prof d'arts plastiques en collège. Effectivement, une heure (moins quelques minutes) par classe, j'ai estimé que ce métier n'existait pas et je suis partie étudier l'enseignement du français, pour exister donc, me sentir enfin "fondamentale".
    Ceux qui estiment que l'apprentissage des arts, du sport, de l'histoire empêchent les savoirs fondamentaux d'être enseignés suffisamment font un mauvais calcul : ce n'est pas une question de français "ou" d'histoire (enseignée notamment à partir de textes en français, que je sache), de maths "ou" de sport, et autres calculs de comptoir. En tout cas, bon nombre de gens se jettent sur les idées les plus simplistes en la matière. Ah, mais c'est vrai, le bons sens populaire, c'est tellement mieux que de demander à ces incultes de profs qui y travaillent à plein temps ce qu'ils en pensent !

    A l'école comme ailleurs, il est temps de démocratiser le monde professionnel ; que ceux qui travaillent décident !

    Dernier point : s'il faut gloser sur le quantitatif, je dirais qu'il faudrait veiller à ce que les gosses aient lu et écrit chaque jour à dose intensive. L'avènement des photocopies peut tuer l'écriture, foi d'instit !

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