5 juillet 2010

Mais pourquoi est-il si méchant ?


Zette me pose une question de la mort.

Je vais tenter de répondre de manière pédagogique et ludique. Même si je suis en vacances ! Admirez l'effort !

Voilà la question :

"-Donc, on raconte ça et là que Nicolas Sarkozy aurait finalement « placé » tous ses potes au Gouvernement. Peu importe si c’est vrai ou faux. Mais dans ce cas, comment se fait-il qu’un homme qui sait parfaitement qu’il est probablement le bipède le plus écouté, épié et surveillé du pays puisse manquer autant de discernement en offrant des passe-droits ou des largesses à tous ces gens, qu’ils soient dans la finance, au barreau ou encore milliardaires? "

Il était une fois un petit pays sympathique et riant dans lequel vivaient tout un tas d'artisans heureux. Il y avait des forgerons, des pâtissiers, des électriciens, des maçons, des plombiers, des serruriers...

Chacun de ces groupes était réparti sur le territoire du pays et vivaient dans le bonheur. Mais une fois tous les 5 ans, il fallait élire un nouveau président.

Il y avait, dans l'ouest de la capitale, un village important et qui savait frapper aux bonnes portes et qui obtenait facilement les clés du pouvoir. C'était Serrure-Ville. Le petit Nicolas Trousseau en était le maire. Les serruriers l'aimaient bien. Ceux de Serrure-Ville, mais aussi tous ceux du pays. Il les représentait bien, il avait les mêmes valeurs, les mêmes idées, les mêmes codes sociaux. Normal, il était serrurier, lui aussi.

Il faut dire que les serruriers étaient la classe la plus organisée du pays. Ils savaient très bien organiser des pique-niques et des parties de pèches pour se rencontrer, pour parler affaires et se refiler les contrats, les noms des distraits qui perdaient toujours leurs clés en pleine nuit et qu'on pouvait faire raquer double...


Entre eux, ils étaient si bien, leur maire étaient si bon et les aimait si fort, qu'ils firent tout pour qu'il devienne président de la République.

Dès le soir de son élection, les autres artisans du pays s'en mordirent les doigts. On vit bien que cet homme-là n'avait rien de commun. Pensez donc : manger au Bistrot des Clés d'Or, partir aussi sec en croisière avec ses copains serruriers, au lieu de prendre en main les dossiers urgents...Comme par exemple, la grève des boulangers : la farine, à cause d'une mauvaise saison agricole, dans le pays d'à côté, était hors de prix. Le Trousseau avait répondu : "Si nous n'avons plus de pain, nous mangerons de la brioche !" , prouvant aussi sec son incompétence en cuisine.

Dès le début, l'homme n'a fait que jouer le jeu des serruriers : et des petits avantages sur le prix des ferronneries d'art, par ci, et des réductions de taxes professionnelles à destination des installateurs de portes blindées à 5 points de sécurité, par là, et surtout, mesure phare : une exonération totale de la TVA sur les Travaux d'Étanchéité des Portes et Accès. La fameuse loi TEPA, autrement appelée Bouclier fiscal.


Les serruriers n'attendaient que ça et ne furent pas déçus.

Nicolas Trousseau avait les clés du pouvoir et comptait bien en faire profiter ses amis. Il ne voyait pas en quoi c'était un problème, d'autant que c'était bien ces gens-là et leurs réseaux d'influence qui l'avaient fait élire.

C'était aussi ces gens-là qui l'attendraient à la fin du mandat.
Il était encore jeune et quand il ne serait plus président, il faudrait bien qu'il se trouve un poste dans la serrurerie. Par exemple, dans le consulting ou PDG d'une multinationale de cadenas...Il fallait donc qu'il bichonne ses copains serruriers. Normal.

L'histoire ne dit pas si, à la fin, il vécut heureux et multimillionnaire. Mais il aura tout fait pour...


Cette histoire est inspirée des travaux de Monique et Michel Pinçon-Charlot qui sont deux sociologues qui se sont intéressés à la dernière des classes, dans l'histoire de la lutte des classes : celle de la haute-bourgeoisie qui sait combien il est important pour elle de partager et de protéger ses intérêts communs.

CC
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4 commentaires:

  1. En voilà une proposition de réponse qui me plaît et qui amuse les enfants.
    N'empêche, juste j'aimerais savoir si d'après toi, il ne s'interroge pas sur son intégrité et surtout, pourquoi personne ne dit rien?

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  2. Je crois qu'il est assez sincèrement dans une autre logique. Il sert d'autres intérêts, il ne fait pas le mal !

    Personne ne dit rien, parce qu'il y a la démocratie qui est là pour nous faire dire, de façon rationnelle, parce que nous, nous le sommes, que nous l'avons élu, démocratiquement, et cela a de l'importance pour nous.

    Et puis il y a aussi cette impression d'être KO debout. Assommés par les mauvaises nouvelles, on ne sait plus quoi dire...

    Par exemple, ma meilleure amie, l'autre jour, m'a "avoué" (comme si c'était affreux) qu'elle ne lisait pas mon blog parce que ça la déprime. On préfère fermer les yeux, parce que c'est plus confortable.

    Le silence des pantoufles avant le bruit des bottes ?

    :/

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  3. Mardi 6 juillet 2010 :

    L'ex-comptable des Bettencourt accuse : des enveloppes d'argent à Woerth et à Sarkozy.

    L'ex-comptable de Liliane et André Bettencourt révèle, dans un témoignage explosif à Mediapart, comment le couple de milliardaires a régulièrement financé, via des enveloppes contenant des espèces, des personnalités de la droite française, dont Nicolas Sarkozy.

    Elle a notamment relaté un épisode – qu'elle a également rapporté lundi 5 juillet aux policiers – situé en mars 2007 et mettant en scène Eric Woerth. Ce dernier se serait vu remettre, via le gestionnaire de fortune Patrice de Maistre, une somme de 150.000 euros pour la campagne présidentielle de M. Sarkozy.

    http://www.mediapart.fr/journal/france/060710/lex-comptable-des-bettencourt-accuse-des-enveloppes-dargent-woerth-et-sarkozy#comment-571471

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