8 mai 2025

Un 8 mai pas comme les autres


 C'est le 80e anniversaire de la fin de la 2e Guerre Mondiale. Ce n'est pas anodin, 80 ans. Tout d'abord, parce que c'est la limite de la mémoire vivante. Très vite, ceux qui avaient 10 ou 15 ans lors des événements vont s'éteindre. Nous entendons, en ce moment, les derniers témoignages des derniers rescapés des camps, des derniers soldats, des derniers résistants. Ils sont précieux. Ils nous disent combien cette guerre fut terrible, combien le nazisme était cruel, combien l'horreur de l'extermination de masse de 6 millions de Juifs, de déportés politiques, d'homosexuels, de roms, de personnes handicapées fut épouvantable...Les témoins disparaissent, l'horreur reste et le souvenir doit se perpétuer. 

Nous passons un moment solennel, chaque année, au monument aux morts, pour cela. Pour que le souvenir se perpétue. 

80 ans, c'est symbolique. C'est le temps d'une vie. Et nous avons eu la chance de vivre ces années en paix, ici, en Europe. Quand les troupes alliées ont débarqué, quand elles ont libéré, ville après ville le pays, quand les jeeps américaines où s'agrippaient soldats et Français en liesse, où les drapeaux français, américains, canadiens ou anglais se mêlaient en une farandole colorée, la France a retrouvé la paix. Nous avons mis les photos de la libération d'Audincourt, le long du Doubs. C'est un mélange de joie et de souffrance qui se lit sur les visages. La souffrance de ces années de guerre, de privation, de mort. La joie d'être enfin libéré du joug de l'ennemi. 


80 ans...C'est long. De si longs moments de paix sont très rares, dans l'Histoire. Un moment suspendu durant lequel, on n'a pas demandé aux jeunes de notre pays d'aller se sacrifier pour leur pays. Mesurons notre chance. 

Aujourd'hui, nous le savons, le monde vacille. Cette paix et ce consensus qui nous ont permis de vivre en paix, sont remis en cause. Nous avons la chance de vivre dans un monde où le nazisme est condamné, où l'antisémitisme, le racisme, l'homophobie, toutes les formes de xénophobies ne sont pas des opinions mais des délits. Nous avons la chance de vivre dans un pays démocratique où les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité sont respectées. Nous avons la chance de vivre dans un pays où la solidarité, héritée du conseil national de la résistance, à l'issue de la guerre, permet à chacun d'accéder à la sécurité sociale, à une protection à chaque moment de la vie. 

80 ans...Nous vivons pourtant des temps troublés. L'ordre du monde hérité de la Seconde Guerre mondiale est remis en cause par l'impérialisme et le protectionnisme des deux pays qui furent pourtant alliés pour combattre le nazisme en 1945. Les USA, Donald Trump, décident de se replier sur eux. De ne plus participer à la défense du monde libre. C'est un choc. C'est une remise en cause fondamentale de l'équilibre que nous connaissions. La Russie de Poutine attaque ses pays voisins, l'Ukraine, bien sûr, mais il menace toute cette région aux frontières de l'Europe. Les prises de parole erratiques et réactionnaires du président des Etats-Unis, s'inscrivent dans un air du temps qui essaime dans le monde entier : Netanyahou se sent pousser des ailes et poursuit le génocide à Gaza. Le peuple palestinien est sous les bombardements incessants de ce criminel de guerre, reconnu comme tel par la Cour Pénale Internationale. Et non content de regarder ailleurs, Trump s'imagine en train de boire des cocktails sur les ruines encore fumantes, dans une Riviera reconstruite sur les cadavres encore chauds des enfants, des hommes et des femmes morts sous les bombes. L'indignité semble n'avoir plus de limite. 

Partout, les nationalismes, les idées d'extrême-droite refont surface. Partout, la bête immonde renaît. On le sait : elle ne meurt pas. Elle dort, seulement, et il ne faut pas grand chose pour la réveiller. Elle se réveille lorsque nous oublions l'amour et la fraternité, quand nous perdons le goût de vivre ensemble, de nous aider, de nous aimer, nous, frères humains. Nous avons le devoir, 80 ans après la fin de ce long hiver, de ces 5 ans de la guerre la plus abjecte qui fut, de nous souvenir et de ne jamais permettre que cela recommence. 

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2 commentaires:

  1. Cette année, j'ai complètement zappé cette commémoration alors que c'est une des plus importantes, comme tu dis (les 80 ans). C'est bizarre parce que je regarde toujours les cérémonies (14 juillet, 11 novembre et 8 mai) à la télé (quand je suis en Bretagne, vu que je n'ai pas la télé à Paris). Hier matin, quand je me suis réveillé, je savais que c'était férié et que je n'aurai pas à bosser mais j'ai complètement oublié de penser au "pourquoi". C'est en voyant des photos cérémonies dans Facebook que ça m'est revenu mais je n'ai même pas "compté les années".

    J'ai failli à mes devoirs car, comme tu dis à la fin et pour les raisons que tu cites, c'est un devoir.

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  2. Bonjour Nicolas,
    80 ans, c'est symbolique. Le problème sera à peu près le même (ou pire, on verra bien comment tournent les choses) l'année prochaine.
    Je me rends compte que je n'ai pas répondu à ton commentaire sur mon dernier billet. Je suis partie en vacances entre temps et fallait que j'argumente une réponse, alors j'ai eu la flemme. Mais je vais le faire, il faut que je relise ton billet. Je pense que je n'étais pas d'accord, absolument, sur l'IA et sur l'éducation, mais je ne sais plus pourquoi...
    Bonne journée !

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