11 août 2010

Notre Identité Nationale, c'est Cruchot


Depuis les annonces de Grenoble, je suis abasourdie. Complétement sonnée.

A vrai dire, je rigole gentiment du président et de sa politique depuis 2007 et j'avais l'impression de le connaître à peu près, le jugeant plutôt gendarme Cruchot, flic teigneux mais pas tellement crédible et surtout ridicule.

Mais j'avais l'impression qu'il laissait le soin de déraper méchamment à ses sbires. Lefebvre, Hortefeux, Estrosi ou Morano, c'était un peu sa 7ème compagnie pour dire des conneries.

Mais avec le discours de Grenoble, tout m'a semblé bouleversé. Comme si ces déclarations étaient historiques.

Il paraît même que Mââme Cruchot est en colère...

Au début, donc, je le confesse, l'information m'a laissée K.O.

Retirer la nationalité. En me creusant la tête, il me semblait que ça s'était déjà fait sous Vichy. Cependant, je me suis bien retenue de faire un billet pour faire la comparaison. On est si vite taxé d'un point Godwin. Et d'ailleurs, on n'est pas en guerre, il ne faut pas pousser.

Et puis, tout ne va pas si mal : ça fait plus de 60 ans qu'on n'a pas eu de guerre, tout le monde mange à sa faim, ou presque, et tout le monde, ou presque à un toit sur la tête. A peu près. M'enfin, on ne peut pas comparer, quoi.

Après cette première réaction, j'ai lu des tas de billets, sur la blogosphère et partout ailleurs. J'ai même failli oublier l'affaire Bettencourt, à vrai dire.

Et voilà qu'en me replongeant dans mes préparations de cours pour la rentrée, j'ai compris soudain la nature des annonces sécurité de Cruchot.

C'est ma profession de professeur de collège qui m'a éclairée.

Face à un élève pénible, qui par exemple se retourne sans cesse pour parler à un camarade, il y a une première attitude possible : reprendre l'élève, en l'interpelant avec douceur mais fermeté, en lui suggérant qu'il ne devrait pas se conduire ainsi. Pas un mot de plus que ça : "Je serais toi, je suivrais le cours au lieu de me retourner."

Évidemment, l'élève va continuer à parler, parce qu'un élève teste toujours les limites d'un prof, c'est la règle. C'est alors que le professeur ajoute : "Je t'avais prévenu : tu n'aurais pas dû continuer. Dépose ton carnet sur mon bureau." En général, pas la peine d'aller plus loin. L'élève sait qu'on annonce, qu'on prévient et qu'on agit.

Deuxième solution : dès que l'élève commence à parler, le professeur peu expérimenté ou énervé ou encore, fatigué, va élever la voix. Il va menacer : "Si tu continues de parler, comme ça, je t'envoie chez le principal. Suffit, maintenant."

L'élève, évidemment, continue de parler. Mais cette fois, il le fait parce qu'il sait qu'il est bien peu probable que le prof l'envoie vraiment chez le principal pour de simples bavardages. La peine promise est totalement disproportionnée par rapport au délit : que dira le prof, pour se justifier, quand le principal demandera un rapport d'exclusion ? L'élève bavardait. Oui, c'est un peu juste.

Et l'autorité du professeur est remise en cause irrémédiablement.

Ma comparaison vaut ce qu'elle vaut, c'est à dire pas grand chose, mais elle m'a permis de comprendre que Sarkozy promet sans être capable de tenir. Il remet donc gravement son autorité en cause. Et c'est ce qui est grave...Mais pas plus que ce qui se passe depuis 2007. C'est toujours Cruchot qui nous dirige. Depuis 2002 et tout va bien. Ou pas.

CC
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9 commentaires:

  1. Oui, c'est ce qu'on se disait, dans les com, chez moi, avec Suzanne : incapable d'appliquer les peine... Les délinquants le savent.

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  2. Évidemment. Il aurait dû faire un stage de prof, Sarko, ça l'aurait aidé dans sa carrière professionnelle, tiens !

    ;)

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  3. Lundi 9 août 2010 :

    Délinquance - Christian Estrosi : "Français ou voyou, il faut choisir."

    Le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, a défendu lundi les propositions présidentielles sur la déchéance de nationalité de certains délinquants d'origine étrangère, qui suscitent de vives réactions en France depuis dix jours. "Accepter nos lois ou les violer, il faut choisir. Français ou voyou, il faut choisir", a-t-il déclaré sur Europe 1, sans donner plus de précision sur le processus envisagé par Nicolas Sarkozy et le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux.

    http://www.lepoint.fr/societe/delinquance-christian-estrosi-francais-ou-voyou-il-faut-choisir-09-08-2010-1223327_23.php

    Ce sera une phrase-culte, et peut-être même LA phrase de l'année 2010 :

    "Français ou voyou, il faut choisir."

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  4. ça va faire du vide au gouvernement, cette histoire ! :)

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  5. Un billet intéressant sur le même thème...
    http://odieuxconnard.wordpress.com/2010/08/11/au-nom-de-la-loi/
    J'aime toujours autant tes articles, bravo!

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  6. Maître Eolas le dit très bien. Ce qui marche, c'est la non-impunité. La certitude que l'on va se faire choper, et que la sanction va tomber. Comme pour les radars automatiques (c'est d'ailleurs son exemple). Ce ne sont pas les amendes ou les permis à point qui ont fait lever le pied. C'est la certitude qu'on va se faire choper et qu'on va pas pouvoir faire sauter le PV, puisqu'établi par une machine.
    Dans un cours comme dans la société, si on est certain de se faire choper, on transige pas (sauf les faits divers que se réservent les JT).

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  7. La comparaison est efficace (m'enfin, comparer des bavardages avec un crime, sur un représentant de l'état en plus !!! :D)

    C'est ce que je disais sur mon blog 8http://100000v.wordpress.com/2010/08/11/je-suis-francais-moi-non-plus-part-ii/), si dans un élan émotionnel, cette mesure ne m'indignait pas plus que ça, je me suis bien rendu compte que ce n'était ni adapté, ni applicable, c'est pour la Une, voilà tout...

    Par contre Olivier, je ne suis pas d'accord pour les radars, on lève le pied parce que ça fait très mal de prendre 90€ pour 4 km/h de plus, la preuve, c'est que les riches se fichent des radars...

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  8. Le 13 juillet 2008, Bernard Godet, un expert-comptable qui avait certifié deux mois plus tôt les comptes de campagne municipale d'Eric Woerth à Chantilly (Oise) a été nommé officier de la Légion d'honneur sur le contingent du ministre du Budget de l'époque, selon Mediapart.

    Deux mois plus tard, le même comptable aurait certifié les comptes du micro-parti du ministre, baptisé "Association de soutien à l'action d'Eric Woerth".

    "Dans ces conditions, Bernard Godet a-t-il pu, en 2009, quelques mois après avoir reçu la Légion d'honneur, se plonger dans les comptes 2008 du parti de poche du ministre et les certifier (c'est-à-dire évaluer leur sincérité et leur régularité) en toute indépendance ?", s'interroge le site d'information.

    Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine), notamment sur les conditions dans lesquelles la Légion d'honneur a été attribuée à Patrice de Maistre.

    http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRPAE67C0NY20100813

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