20 décembre 2010

Prime à la casse (de l'éducation nationale)

Alors que tout va mal dans l'éducation nationale et que ce n'est pas près de s'arranger, puisqu'on économise les bouts de craies et les postes d'enseignants, on pourrait s'attendre à une austérité générale.

Mais ce serait trop simple.

On a bien vu, avec les banques, par exemple, qu'il y a de l'argent. On nous fait croire qu'il n'y en a pas, mais discrètement, on l'utilise autrement pour faire plaisir aux copains.

Dans l'éducation, qui sont les copains ?

Tout d'abord, l'enseignement privé, dans lequel les bourgeois de Neuilly et d'ailleurs préfèrent coller leur gosses.

Le privé, il faut le savoir, c'est souvent des enseignants moins bien formés. Un exemple concret ? Mon amie Flo a une maîtrise de lettres modernes, mais pas de concours. Elle enseigne depuis 5 ans maintenant dans des tas de collèges privés à des postes différents n'ayant pas vraiment de liens avec sa discipline : latin, histoire-géographie, arts plastiques, documentation, musique...et français, si l'occasion se présente.

Elle découvre les programmes en même temps que les élèves et si les "parents-qui-payent" savaient ça, se serait un beau scandale...

Pourtant, cette année, on va faire un chèque supplémentaire de 4 millions d'Euros au privé. Cadeaux de Noël.

Ce n'est pas tout, ne partez pas, j'ai gardé le meilleur pour la fin...

Cette année, comme chaque année, les profs n'auront pas de prime de Noël, ni même de 14ème mois, tous ces avantages qui n'existent que dans le privé.

Les profs auront des vacances, comme tout salarié qui sait gérer ses RTT. Ils auront aussi quelques copies à corriger et des cours à préparer, mais entre la dinde et les marrons, ils se feront discrets. Ils ne voudront pas se prendre les piques du beauf dans les dents. Eh oui ! Les 1845,43 Euros qu'ils auront touchés avant les vacances n'auront pas permis d'échapper au réveillon avec le beauf en fuyant au ski, mais il faudra quand même supporter l'affectueux surnom : "eh, 'spèce de privilégié, va"...

Hum ! Comme il est enviable, ce métier de professeur...

Par contre, les recteurs d'académie auront une belle prime. A la seule volonté du ministère, ils pourront toucher jusqu'à 22 000 Euros en plus de leur salaire.

Bon sang, on m'avait pourtant dit que c'était la crise...

Pourquoi ces recteurs pourront donc payer à toute leur famille un voyage aux Bahamas pour Noël et pas moi ?

En fait, on peut supposer que les 22 000 Euros seront pris sur les économies que ces mêmes recteurs auront réussi à faire en supprimant un maximum de postes. 

Plus tu supprimes, plus tu primes.

Le jeu vaut la chandelle, surtout pour faire des économies...de bout de chandelles, mouhaha...

En vrai, ça ne me fait pas rire.

CC
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14 commentaires:

  1. juste un détail, on serait heureux déjà d'avoir un onzième et douzième mois.. ;-)

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  2. Absolument, ce serait un bon début...

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  3. 1845 euros ? Ah, vous êtes enseignante en fin de carrière, alors...
    J'exagère à peine...

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  4. Il faut achever le malade plutôt que de faire croire à ses proches qu'il y a encore de l'espoir...

    C'est désolant, affligeant, dégoûtant.

    Mais on ne l'apprend que "comme ça", au détour d'une conversation, sur un blog...

    Vous n'êtes pas des privilégiés, vous êtes des grands blessés.

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  5. Ben, avec mes 3 gamins, j'ai fait l'expérience du public et du privé.
    Dans les 2, il y a des gens super et des gros nuls, comme partout.
    La différence tient au chef d'établissement du privé, qui jouait pleinement son rôle : aucun cours n'a été perdu en plusieurs années : les profs s'arrangeaient entre eux pour gérer les absences prévues, ou prévoyaient un devoir surveillé. Les profs à problème faisaient un peu moins d'heures dans leur spécialité et un peu plus dans une matière moins fondamentale. Et pour les absences prévisibles de la prof qui partait tous les ans en dépression 3 semaines après la rentrée, il gardait sa remplaçante de l'année d'avant dès septembre, qui dépannait en attendant au CDI ou autre. Pour les absences imprévues, tous les cours étaient rattrapés rapidement, par un remplaçant ou par une des surveillantes.
    Au primaire, les 3 classes de CP avaient la même méthode d'apprentissage de la lecture (avec la liberté d'adaptation laissée à l'enseignant), et la cohérence était garantie entre les enseignants à mi-temps et entre les niveaux.
    Et ce n'était pas à Neuilly, ni pour un budget pharamineux.

    Laurence

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  6. Bonjour,
    @L'hérétique : oui, le salaire de décembre, il est toujours un peu plus gros : il y a le rattrapage des heures sup depuis septembre...J'exagère à peine !

    @Zette : Oui, on est presque morts, mais on bouge encore, alors le gouvernement continue de taper...

    @Laurence : on peut trouver des établissements bien gérés dans le public aussi. Le problème, c'est que la marge de manœuvre est beaucoup plus étroite : pour les remplacements, par exemple, il n'y a aucune souplesse, puisque les TZR sont gérés par les rectorats qui sont les pires services de ressources humaines au monde. On casse délibérément le service public...Et le service privé n'est pas forcément très cher pour l'instant, mais dès qu'il sera dans une position de force un peu plus grande, les prix augmenteront forcément : plus le service public s'affaiblit, plus le privé devient cher, pour des raisons matérielles, simplement : il faut plus d'équipement, de place, pour accueillir les élèves plus nombreux qui fuient le système public...

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  7. Excellent tableau de la situation, CC.

    Pour les commentaires, comparer le public au privé en prenant le contexte d'une école de chaque est ridicule. Les choix pédagogiques sont différents d'une équipe à l'autre. En ce qui me concerne, dans mon école publique, les trois CP ont la même méthode d'apprentissage, les remplacements fonctionnent bien (ce qui, à Paris, change d'une circonscription à l'autre) et ça prouve quoi ? Les différences substantielles sont ailleurs : le privé reçoit des subventions du public et l'inverse n'est pas vrai. Qui plus est, le budget des écoles publiques est entièrement décidé et voté par des gens qui vomissent le service public et n'ont qu'une seule préoccupation : privatiser les profits et collectiviser les pertes.

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  8. Hello Marie-Georges,

    C'est absolument ça : privatiser les profits. Et l'éducation, à court terme, c'est une grosse perte pour le budget de l'Etat. Ces gens-là n'envisagent rien à long terme...C'est irresponsable...Mais c'est aussi une manne potentielle énorme...

    Combien de fois, parmi mes collègues j'ai entendu : "Allez, on ouvre notre propre école, on aura meilleur temps..." Quand on aime son métier, vouloir l'exercer dans de bonnes conditions est légitime...Un jour, les profs en auront marre de défendre seuls le système public de l'école gratuite...Ils se casseront pour faire de l'argent et avoir de meilleures conditions de travail...

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  9. Privatiser les profits et collectiviser les pertes, c'est une logique étonnamment visible dans les manœuvres de nos chers gouvernants...
    La fuite des profs c'est vrai, tu as raison, mais il y a un hic : certains profs aiment leur métier et le service public, alors un peu comme les infirmières, y'aura toujours de bonnes âmes pour maintenir un service correct malgré les coupes sombres... D'où l'importance des manifs, quand on peut, pour obtenir enfin un truc... Quelle situation !

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  10. Message de la part d'un futur TZR ...ou autre.
    Dans le lycée, public bien sûr, en enseignement professionnel (le cumul quoi!) tous les abc pro verront leur capacité d'accueil divisée par deux à la rentrée prochaine...Je ne précise même pas que les sections (sauf une sur 6) fonctionnent et remplissent bien.
    MOTIF: il faut que le recteur rende des postes...
    JOYEUX NOEL A TOUS!

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  11. Pardon, mais aurez rectifié... Il faut lire "tous les bac pro..."

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  12. Vous inquiétiez pas, ça ne s'arrange pas dans le Supérieur ! :D Question d'équité.

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  13. Juste pour info, les salaires moyens en Europe, pays par pays :
    http://www.neoprofs.org/t28493p15-devenir-enseignant-aujourd-hui
    En Espagne, en Angleterre, en Irlande les enseignants sont mieux payés.
    Je ne vous parle pas de l'Allemagne ou du Luxembourg, vous risqueriez d'émigrer...

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  14. "En fait, on peut supposer que les 22 000 Euros seront pris sur les économies que ces mêmes recteurs auront réussi à faire en supprimant un maximum de postes." Sarkozy avait promis de redistribuer une partie de l'argent économisé par les réductions de postes, il tient parole !

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