25 janvier 2011

Un boulot pour des primes...

Chef d'établissement scolaire. 

Voilà un chouette métier. Je connais des profs qui veulent faire ça. Pour le prestige de la fonction, je suppose. Parce que les profs lucides ne veulent jamais de ce poste.

Si l'on y réfléchit deux secondes, c'est un boulot bien pénible : on vous déteste à tous les niveaux, vous êtes seul, entre une hiérarchie écrasante - ce qui fait que le prestige de la fonction est bien mince, puisque vous êtes l'antépénultième maillon de la chaîne, avant prof et femme de ménage. D'ailleurs, les femmes de ménages et les professeurs vous détestent, puisque vous êtes leur chef, les élèves vous détestent, puisque votre rôle est de les engueuler, les parents vous détestent, puisque vous êtes celui qui engueule leurs enfants à leur place...

Alors, le ministre, qui a fait ses premières armes dans la belle entreprise à Liliane B., a jugé que les proviseurs et les principaux méritaient une prime. Parce qu'ils le valent bien. Après les recteurs et les élèves, il ne reste bien que les femmes de ménage et les profs qui ne touchent pas de prime...

L'éducation nationale n'est pas censée être une entreprise, puisqu'on aurait bien du mal à y faire des bénéfices, mais c'est pourtant l'explication donnée par le ministre : "Le gouvernement a décidé de développer une rémunération variable liée aux performances de nos cadres, comme cela existe dans l'immense majorité des entreprises de notre pays (...)"

C'est scandaleux. 


En plus, comment cela risque-t-il de se passer, dans les établissements ?

Et dire qu'avant des palmes académiques suffisaient...



Les chefs d'établissement n'auront ces primes que s'ils obtiennent de bons résultats. Quel est la nature de ces bons résultats ? Pour les recteurs, il semblait que c'était clair : supprimer des postes, le plus possible. 


Pour les chefs d'établissement, c'est par exemple, limiter l'utilisation d'heures d'enseignement, donc là aussi, réduire les postes. C'est aussi limiter le recours aux remplacements, en ayant recours aux remplacement en interne. 

Tenez, je m'y suis fait prendre ce matin même : les deux chefs me sont tombés dessus pour que je prenne une classe que je n'ai pas, d'un niveau que je n'ai pas, durant deux heures (une ce mardi et une autre mardi prochain). La même demande a été faite à plein de collègues, pour pourvoir au remplacement en interne d'une collègue en congé maternité, et ce pendant 15 jours. 

Le rectorat se donne donc 15 jours pour trouver un vrai remplaçant et ce, pour un congé prévisible et prévu de longue date. Les deux heures que je donne donc, payées en heures supplémentaires, ne seront pas profitables aux élèves : je ne sais pas ce qu'ils avaient déjà fait, je ne les verrai que deux heures en deux semaines, ils ne me connaissent pas, le temps de faire de la discipline parce qu'ils testeront bien entendu mes réactions, parce que je ne les connais pas...C'est de la garderie. Mais grâce à moi, le chef aura peut-être une prime et les parents auront vaguement l'impression que leurs enfants sont pris en main...

Les objectifs des chefs d'établissement, ce pourrait être aussi d'obtenir de bons résultats aux examens. D'avoir des élèves qui réussissent. Mais cela, n'est-ce pas grâce au travail des professeurs ? 


Alors il va falloir jouer finement. Comme d'habitude, dans ce métier, le proviseur ou le principal sera entre l'arbre et l'écorce. 


Mais ils auront des primes pour supporter la pression psychologique...


CC
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2 commentaires:

  1. Mercredi 26 janvier 2011 :

    Jacques Voisin (CFTC) juge le pacte social français "désormais rompu".

    Le président de la CFTC Jacques Voisin a estimé mercredi que le pacte social en France "est désormais rompu" et que "nous n'avons tiré aucune leçon de la crise" financière et économique de 2008-2009.

    "Notre pacte social français est désormais rompu. La crise constitue l'occasion et le prétexte pour nos gouvernants et pour le patronat de revenir sur tout ce qui fait et structure notre modèle social", s'est-il alarmé lors d'une conférence de presse.

    Le dirigeant syndical s'en est pris à la réforme des retraites et aux "politiques d'austérité qui se mettent en place un peu partout en Europe", ainsi qu'aux "déclarations contre les 35 heures derrière lesquelles se cache une remise en cause de la référence à la durée légale du temps de travail".

    M. Voisin s'est inquiété de "la privatisation rampante de la protection sociale" et a réclamé un "débat avec sincérité" sur son financement, sur lequel patronat et syndicats doivent commencer à se pencher dans les six mois à venir, jugeant que "la politique de l'autruche que nous menons depuis plusieurs années n'est plus possible.

    Cette protection sociale, "en aucun cas, il ne doit être question de l'alléger, de la réduire ou encore de la privatiser", a-t-il dit.

    Il a aussi critiqué, entre autres, le "démantèlement des services publics, la suppression massive de postes qui entraînent forcément une diminution de la qualité de ces services publics".

    Selon M. Voisin, "c'est l'investissement productif qui nous sortira de la crise".

    http://www.boursorama.com/international/detail_actu_intern.phtml?num=ba179f9faa658efe124fa63a8e6d5514

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  2. "les deux chefs me sont tombés dessus pour que je prenne une classe que je n'ai pas, d'un niveau que je n'ai pas, durant deux heures"
    Nous ne sommes pas obligés d'accepter !
    On ne peut pas critiquer un systeme et en meme temps le cautionner. Les collegues qui cedent à la pression se tirent une balle dans le pied et mettent les autres collegues en porte à faux.... PG

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