28 décembre 2013

Quenelles avariées, sauce qui tua

Résumons : un type fait un sketch dans lequel il dit que pour le journaliste Patrick Cohen, il faudrait remettre les chambres à gaz en état de marche. Dans une chanson qu'il entonne avec son public sur scène, il fait clairement le lien entre les Juifs, l'argent, le pouvoir, et la Shoah.

Bon.

Il y en a qui trouve ça drôle.

Moi pas. Et j'ai même tendance à penser que moralement, on ne peut pas rire avec la Shoah. J'ai en tête les images terribles de la libération des camps, les témoignages terribles qui nous sont parvenus, l'inhumanité de tout ça. On ne peut pas plus rire avec les esclaves empilés dans les cales des bateaux, avec les Hutus et les Tutsi se massacrant à la machette ou les charniers de l'ex-Yougoslavie. Tout simplement parce que ça donne envie de gerber, pas de se marrer.

Mais la morale est loin. Les spectacles font des entrées, rapportent de l'argent. Alors...vox populi, vox dei...

Les exécutions en place publique attiraient des spectateurs, eux aussi. La cruauté fait recette.

Pour moi, il est bien évident que le signe de ralliement de ce comique pas drôle est un signe antisémite : ça va avec tout le reste. Un antisémite bien banal, bien ringard, hérité des siècles précédents : celui qui consiste à dire que les Juifs dirigent le monde, complotent et n'aiment que l'argent.

Cela ne vaut même pas les octets que je viens de dépenser pour l'écrire. Et ça ne vaut sûrement pas la peine qu'on le monte en mayonnaise dans les médias...Mais la machine est lancée. C'est dans les vieux pots qu'on fait les soupes à la quenelle qui puent.

CC
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20 commentaires:

  1. Oui. La machine est lancée. J'ai craqué j'ai fait mon premier billet à ce sujet ce soir.

    Par contre, je ne suis pas d'accord avec ton billet. On devrait pouvoir rire de tout à condition de ne faire que rire.

    Regarde mon dernier billet à propos de l'UMP à Bicètre sur PMA. Un type (sans doute le candidat de l'UMP à Bicètre pour les municipales) commente et croit faire de l'humour du fait que je picole. C'est en fait une attaque personnelle et un truc contre les ivrognes (on fait partie des minorité qu'on mérite... J'aurais du faire lesbienne). Je suis le premier à rigoler de mes cuites et aux plaisanteries qu'on peut faire à leur sujet. Mais le type en fait une attaque personnelle. Je pourrais le faire condamner... Pourtant, il croit faire de l'humour.

    (À part ça, si tu as le temps va vraiment le lire...).

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    1. Je ne dis pas qu'on ne peut pas rire de ce qu'on veut, je dis juste que les trucs du genre torture, guerre, génocides, ça ne me fait pas rire...ça n'a rien à voir avec une blagounette sur des demoiselles qui se gamahuchent ou sur des frisés qui boivent un coup, selon moi, toujours...

      Sinon, d'une manière générale, un type de l'UMP ne peut pas être drôle, ça n'a pas d'humour, cette engeance-là ! :)

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  2. Pour l'UMP on est d'accord. Pas pour le reste. On peut rire de tout. Par exemple, si Hitler avait bien fait son boulot, il aurait supprimé les grands parents des lesbiennes et des gros pochetrons.

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    1. Ce qui fait rire, dans ta vanne, c'est plutôt le fait qu'on comprend que la folie d'Hitler qui consistait à vouloir tuer tout le monde était vaine...C'est pas tout à fait pareil que de dire que pour Cohen, il faudrait rallumer les chambres à gaz...Non ?

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    2. Oui et non. J'aurais pu faire une vanne similaire avec mes copains juifs (attention, j'en ai peu, hein !), ils auraient pu rigoler.

      Ça dépend du contexte, hein ! Mais l'un d'eux, Jeremy, membre des LB, a lancé une série de blagues juives dans Twitter. Elles étaient nulles. J'aurais pu lui répondre : si Hitler avait bien fait son boulot, on n'aurait pas à supporter ça. Il aurait rigolé parce qu'il sait que je n'en pense absolument rien même si le fond est absolument dramatique : l'extermination de son peuple.

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    3. Et je précise que je m'en suis tiré avec une blague antisémite qui est très bien passée : arrête ou je sors celle des juifs qui peuvent fumer sous la douche.

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  3. Oui, je suis d'accord avec toi, tout est question de contexte...Ce qui sera le plus délicat à juger (en terme de justice) avec Dieudonné, bien sûr...Mais il suffit de faire une recherche sur internet pour sentir le négationnisme et l'antisémitisme des gens qui rient avec lui : une quenelle à Auschwitz, c'est pas de l'humour, non ? Et puis Soral et compagnie, ce ne sont pas des comiques...Bref...je dis quand même dans mon article qu'on devrait laisser ces cons délirer dans leur coin.

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  4. À mon avis, le principal reproche que l'on puisse faire à Dieudonné est que, lorsqu'il part dans ses diatribes antisémites (que je l'autorise bien volontiers à tenir, pour ce qui me concerne), il cesse d'être drôle, ce qu'il est très souvent par ailleurs.

    Sinon, c'est évidemment sur les sujets graves, douloureux, dramatiques qu'il faut rire et faire de l'humour. sinon, c'est de la blagounette sauce hollandaise, ou de fin de banquet, et ça n'a aucun intérêt.

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    1. Entre la sauce hollandaise et la sauce Nantua, on est souvent dans la mauvaise cuisine...et la sauce au sang m’écœure...je suis un petit être sensible.

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  5. Seuls les pouvoirs faibles se croient obligés de restreindre la "liberté d'expression" ...
    En effet la "liberté d'expression" est tellement insignifiante , dérisoire , inoffensive envers les pouvoirs forts que la censure est toujours un signe de fragilité du pouvoir ... Les pouvoirs forts n'ont rien à craindre des pitres , des clowns , des fanfarons , bien au contraire car tous ces "humoristes" consolent la populace de ses malheurs et détournent sa colère vers d'autres cibles que le pouvoir en place ...
    Seuls les pouvoirs faibles craignent le rire de la foule ... De toutes les liberté que le pouvoir peut accorder au peuple , la liberté d'expression est la plus dérisoire , la plus grotesque , la plus inopérante ... Tout pouvoir fort peut s'offrir ce petit luxe de laisser la populace se défouler par le rire tant que la populace obéit à la force , à la violence politique ... Les rois puissants toléraient très bien les bouffons , mais ils châtiaient sans pitié les voleurs et les criminels de toutes sortes ...

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  6. Au nom de la sacro sainte liberté d'expression, certains pensent ou se persuadent que l'on peut rire de tout. Grossière erreur ! Qu'imaginez-vous qu'il y est derrière ce "tout" ? Des êtres humains, des visages, des anonymes, des patronymes, des religions, des partis politiques etc...... Et si derrière ce "tout" il y avait VOUS, avec Vos défauts physiques ou intellectuels, Votre religion, Votre réalité sociale, familiale, politique, Vos ascendants, Vos descendants, Votre vie en somme, accepteriez-vous que l'on rit de tout celà ?
    Rire de tout, certes, à l'unique condition que celà ne nous touche pas personnellement.
    Ne croyez-vous pas, au plus profond de votre conscience, très objectivement, que là est la réponse à "Peut-on rire de tout".

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    1. Mais c'est ridicule ! Avec la taulière on vient de rigoler de nos "tares" réciproques. Quand c'est fait sans haine, on peut le faire.

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    2. Une religion n'est qu'une hiérarchie qui ne veut pas dire son nom : d'où l'intérêt d'en rire à gros bouillons. Pas de ceux qui y adhèrent : c'est leur droit. On peut rire des partis politiques, et de leur politique. Ou de l'absence de celle-ci. On peut même rire de tares physiques, avec ceux qui en sont affligés, et de bon cœur encore, c'est une excellente catharsis à mon avis.

      On peut rire des dictatures. Les dictateurs, on se contente de les renverser, en prêtant bien attention à ne pas en mettre un autre à la place. Même Hitler était risible. Seule la dictature actuelle, celle de l'argent, est navrante parce que même pas drôle. Elle n'est que tragiquement grotesque.

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  7. Bien évidemment, on peut le faire, parler de vos " tares" respectives par le biais de l'écriture sur ce blog, moi je vous parle de "face à face" devant public, filmé par les médias, en pleine lumière. Accepteriez-vous Jegoun que l'on vous insulte publiquement sur vos "tares" même sans haine ..........?

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    1. Ben oui. C'est surréaliste. Mes tares étant a priori une légère surcharge pondérale m'obligeant à dépasser régulièrement les 110 kilos
      (mais je suis plus à l'aise à 106) et une réputation d'alcoolique (alors que je bois moins de 30 bière par jour), sans compter tous ceux qui pensent que je suis homosexuel parce qu'à bientôt 50 ans je suis toujours célibataire, ce qui le parait le comble de l'homophobie.

      Cela étant, j'aime bien qu'on se foute de ma gueule. Mais je n'aime pas les connards qui revendiquent une idéologie visant à exterminer les gros ivrognes potentiellement homosexuels. Mais j'aime bien qu'on se goure de la gueule des gros ivrognes potentiellement homosexuels.

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    2. Vous avez également des cravates à chier : on ne peut pas rire avec les cravates à chier, c'est trop grave, trop douloureux…

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    3. C'est vrai qu'une cravate... par Jupiter.... par Toutatis... par pitié....
      quittez cet appendice
      qui pousse tant le vice
      jusqu'à la vraie malice
      de choquer le jocrisse
      daltonien en pelisse
      et puis d'un air complice
      tonitruant délice
      s'étale au vent qui glisse
      sur la porte en coulisse

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  8. On peut rire de "tout" sauf de l'humour ...
    La plupart des gens , par lâcheté , se rangent à l'avis des comiques de peur que ces comiques ne se moquent d'eux ...
    Il conviendrait donc de savoir se moquer de l'opinion des comiques , des bouffons et des pitres ... Il conviendrait donc de savoir se moquer de la "liberté d'expression", cette grotesque farce qui n'a de liberté que le nom car en effet pour pouvoir être libre de s'exprimer encore faudrait il être libre de penser , mais hélas la liberté de penser n'existe bien que dans nos rêves ... Non , nous ne pensons pas librement ... Nos pensées ne sont faites que d'idées reçues , de lieux communs , et je prend là l'expression à son sens premier . Nos cerveaux ne sont que les latrines de l'inconscient collectif ... Nous croyons sottement penser par nous même , mais nous ne faisons que répéter par mimétisme nos stupidités communes baptisées pompeusement du nom de "culture"... La liberté de penser est une merde molle étalée en nos lieux communs , latrines publiques de nos âmes moisies par la lâcheté ... Nous croyons rire ... Nous ne faisons que ricaner de tout ............

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  9. "L'humour c'est la politesse du désespoir"...
    Joli lieu commun qui va très bien avec cet autre lieu commun : "On peut rire de tout mais pas avec tout le monde"...
    L'homme désespéré se trouverait ainsi , de par sa connaissance du désespoir , placé au dessus de tout et pourrait donc en rire de ce "tout" ...
    Mais l'homme désespéré se trouve bien incapable de rire de son désespoir lui même et son rire ne lui sert donc de rien sinon de masque , un masque de politesse à son désespoir , c'est grotesque et pathétique ...
    Personnellement c'est du désespoir lui même dont je voudrais savoir rire , et , sachant rire de mon propre désespoir , je saurais alors ne plus rire de rien d'autre et prendre s'il me plait , tout au tragique parce que tout est tragique au fond ... Sauf le désespoir qui est un sentiment ridicule ............

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