28 août 2025

Comment foirer la rentrée en 1 leçon...


La situation politique, à la veille de la rentrée scolaire, n'est pas brillante. C'est le moins qu'on puisse dire. Passons sur les annonces de notre ministre de l'éducation qui prend des décisions absurdes et inutiles. Oui, les portables sont déjà interdits en classe, oui, quand un élève se fait prendre avec une arme dans un établissement scolaire, il passe en conseil de discipline (et sans doute au commissariat...), couper l'ENT (l'espace numérique de travail) pendant les week-end réduira le temps d'écran (un peu moins que si on coupait Tik Tok, com'même), certes, mais aussi l'opportunité pour les élèves de faire leurs devoirs (et en plus, ils auront une bonne excuse pour ne pas les faire), former les gamins à l'iA, c'est brillant, si au préalable, ils savent bien écrire et bien lire...Et puis comment va-t-on encore caser toutes ces formations supplémentaires pour les enfants ? Ils ont déjà la formation harcèlement, les cours de code de la route, le vélo, la piscine, PIX, les premiers gestes de secours...Si on ajoute les cours sur l'iA, les informations sur la santé sexuelle, le protocole sur la santé mentale...Je ne suis pas sûre qu'on ait encore le temps de leur apprendre à lire et à compter...

Bref, j'ai dit que je passais sur ce ramassis de bêtises : notre ministre nous avait averti dès le début qu'elle n'y connaissait rien, nous ne sommes pas trompés sur la marchandise. 

Revenons à la situation politique globale. 

Résumons : Bayrou a posé sa démission. Enfin, entendons nous...il a trouvé le moyen de quitter le poste tout en touchant ses indemnités de départ et sa retraite. Pour lui, tout va bien. 

Pourtant, en partant, il nous prévient délicatement que tout est fichu et que ce n'est pas de sa faute. 

Il dramatise la situation en mode "Après moi le déluge". 

La dette, selon lui, est épouvantable. Nous serions au bord de l'intervention du FMI, de la faillite totale. Comme on est débiles, il nous dit que c'est comme nous quand on a des dettes à la maison. Comme si nous n'étions pas quelques-uns a avoir étudié l'économie, ne serait-ce qu'en seconde au lycée. Un pays, ce n'est pas un foyer. Il y a des actifs et des passifs, il y a un patrimoine, des ressources, des recettes dynamiques. Mais non, il nous dit qu'on est dans le rouge et qu'il faut à tout prix faire des économies, rogner les dépenses publiques, supprimer des fonctionnaires, des services publics, travailler plus sans être payé. 

La crispation est totale, dans le monde réel, la situation se tend, les investisseurs arrêtent d'investir, les consommateurs arrêtent de consommer, dans l'éventualité que la famine s'installe. 

Cette stratégie du pire, cette manière d'instiller la peur, cela n'engendre qu'un cercle vicieux ne nous permettant pas de nous en sortir. 

Surtout qu'il sait que cela ne passera pas à l'assemblée. C'est en cela qu'il pose sa dém' : les députés d'extrême droite ne voteront pas la confiance, parce qu'ils pensent que c'est sur les étrangers qu'on devrait faire des économies. La gauche dans son ensemble, pense que c'est aux riches, aux évadés fiscaux et aux entreprises qu'on devrait demander des comptes. Ces deux camps ne sont d'accord que sur une seule chose : leur désaccord avec Bayrou et Macron. Mais cela suffira. 

Comme la situation ne sera pas plus nette après cet énième rebondissement, pas plus claire qu'après la dernière dissolution, pas plus claire qu'avant les dernières élections,  pas plus claire qu'après la tentative de Barnier, pas plus claire qu'après celle de Bayrou, alors ce seront encore les mêmes qui reviendront avec les mêmes recettes. 

Parce que derrière cela, il y a une idéologie qui se fait entendre de plus en plus clairement, de manière de moins en moins complexée : celle qui consiste à affirmer que nous ne pouvons pas garder le modèle de société de 1945. 

La tentative de suppression du 8 mai n'est pas un hasard. Oui, on l'a déjà dit : supprimer la commémoration d'une guerre qui fut la victoire sur le nazisme, ce n'est pas rien. Mais on sait aussi que cette victoire fut aussi l'occasion, au sortir de la guerre, de la mise en place du programme du Conseil National de la Résistance : c'est-à-dire, la mise en place de la Sécurité Sociale, notamment...de notre modèle social dans lequel chacun contribue selon ses moyens et reçoit selon ses besoins. 

Vous me direz que cela fait déjà un moment que ce système est mis à mal et que la première partie du programme (chacun contribue selon ses moyens), n'est plus tout à fait vrai. Je vous l'accorde. 

Mais avez-vous entendu Attal, aussi ? Il dit qu'on veut faire tourner la France de 2025 avec le modèle de 1945 et que ce n'est pas possible. Il est très jeune, mais ce n'est pas une raison. Il tente de nous faire croire que la situation d'aujourd'hui est pire que celle juste après 5 ans de guerre. Pire qu'après des bombardements, pire qu'après les tickets de rationnement, pire qu'après l'occupation, les exactions nazies, la France coupée en deux, les Français les uns contre les autres, les déportations...Pire. 

Pour les 80 ans, dans beaucoup de ville, on a ressorti les vieilles photos d'époque : par exemple, le pont d'Audincourt était détruit, la poste aussi, on enterrait les morts par dizaines, on faisait le tri entre les bons et les mauvais. 

Et Attal voudrait nous faire croire que c'est pire aujourd'hui. 

Là encore, on dramatise un chouïa, non ? 

Oui, il y a des défis. Des défis très différents. Mais il y a quand même d'autres ressources : des moyens de productions, une économie...et des choix politiques possibles. 

Et je veux croire que les choix politiques, comme en 1945, peuvent être ceux de la solidarité et de la justice sociale. 

N'oublions pas qu'en 1945, ces choix-là ont conduit aux 30 glorieuses, à une croissance sans précédent dans l'histoire de l'humanité et aux progrès de la science, de la médecine et des technologies comme nous n'en avions jamais connus. 

Rendez-vous sur Hellocoton !

18 août 2025

Les plaisanteries du théâtre de l'Unité


Le théâtre de l'Unité est installé à Audincourt depuis l'an 2000. Mais la carrière de cette compagnie de renommée mondiale dans l'univers du théâtre a commencé à la fin des années 60. 

La réputation d'Hervée de Lafond et de Jacques Livchine n'est plus à faire : dans le domaine du spectacle de rue, on peut dire qu'ils ont tout inventé. Ils ont mis le bazar partout, depuis la banlieue parisienne, jusqu'à l'Australie en passant par Avignon, Pékin, l'URSS et les USA...et le Pays de Montbéliard.

Jacques Livchine, quand il écrit, adopte toujours un style vivant et décontracté. Dans Les Mille et une plaisanteries du théâtre de l'Unité, il fait un inventaire. Pas à la Prévert, pas une liste de course. Non, juste la narration des succès et des échecs d'un théâtre qui a toujours cherché et qui cherche encore. 

Comment toucher le plus grand nombre, comment faire venir les gens au théâtre et comment faire venir le théâtre aux gens ? Comment réinventer les plus grands textes, Molière, Shakespeare... ? Comment faire du théâtre même avec de l'opérette, même avec de la poésie ? Comment rendre Rimbaud vivant, lui qui est mort à 37 ans ? 

C'est expérimental et des fois, ça marche, des fois, ça ne marche pas. Mais c'est une aventure, ce sont des souvenirs, des rencontres, de l'humain. De la nourriture, de la musique, de la folie. 

Le théâtre, c'est l'art de l'instant, de l'éphémère. Quand on lit Livchine, pourtant, on découvre un théâtre qui reste dans la tête des gens. Ici, dans le Pays de Montbéliard, tous ceux qui ont eu la chance de les vivre, parlent encore du Réveillon des Boulons. J'ai eu l'occasion de parler avec des spectateurs qui avaient encore les larmes aux yeux en évoquant Terezin et c'était en 1995. 

Le théâtre est pour moi le plus grand catalyseur d'émotions. On parle de catharsis, et ça, depuis l'Antiquité. C'est une émotion pure, indescriptible et souvent incompréhensible, qui vient toucher l'intime et l'inconscient comme rien d'autre. C'est ce qui permet d'exprimer les passions, de faire le tri entre le bon et le mauvais. C'est tellement puissant que j'ai parfois du mal à aller au théâtre. Mais c'est précisément en cela que l'acte théâtral est indispensable, qu'il est politique et qu'il fait partie de la cité. Qu'il doit faire partie de la cité. 

Le théâtre de l'Unité a essaimé, à travers des années de "ruches", à travers des dizaines de résidences d'artistes. Ils ont instillé la folie et la passion, mais aussi la conscience politique, l'importance du fou pour une démocratie saine. 

L'année dernière, on a crié au scandale quand Hervée de Lafond a un peu malmené un 1er ministre 40 ans plus jeune qu'elle. Elle a eu raison de nous rappeler que c'est le rôle de l'artiste dans la société. C'est le rôle de Molière à la Cour de Louis XIV de critiquer les mœurs du temps. C'était le rôle des farces du Moyen-Âge de remettre en cause l'ordre établi, c'était le rôle des pièces antiques d'interroger les apparences, de remettre en cause l'organisation du pouvoir. 

Nous n'avons aucun intérêt de l'oublier. Merci au théâtre de l'Unité : merci pour l'humour, pour la créativité, pour la réflexion, pour le dérangement, pour la provocation, pour les mille et une plaisanteries.

Mais c'est Jacques Livchine qui en parle le mieux, alors achetez son livre ! (Au théâtre de l'Unité (parc de la Filature à Audincourt, ouvert de 10h à 18h du lundi au vendredi) ou aux Papiers Bavards) 

 

Rendez-vous sur Hellocoton !