10 janvier 2010

Jeans pourris et capitalisme meurtrier...

L'autre jour, au fil d'une discussion à propos du dernier numéro d'Envoyé spécial, j'ai été étonnée d'entendre une personne pourtant sensée, éduquée, ouverte sur le monde, se mortifier d'avoir des jeans délavés très chers.

C'est un choix, d'avoir ces jeans, je dois dire que j'aime bien ça, moi aussi, en fashion victime consentante que je suis...

Le problème n'est pas là : le reportage mettait en avant les conditions épouvantables dans lesquelles les ouvriers turcs travaillaient pour fabriquer ces jeans. Ils travaillent avec du sable, ce qui entraîne une maladie, la silicose, qu'on ne sait pas soigner. On compte déjà 42 morts...

Cependant, le documentaire expliquait qu'il existe des usines où les ouvriers sont protégés et travaillent dans des conditions de sécurité correctes. Mais cela revient bien plus cher au marchand de jeans. Évidemment.

Un jeans fabriqué dans les conditions mortelles, sans protection reviennent au fabriquant à quelques centimes. Les jeans les plus usés, les plus "customisés" sont aussi ceux des plus grandes marques, ceux qu'ici, dans les pays riches, on paye les plus chers : jusqu'à plusieurs centaines d'Euros pour les marques les plus en vogue...

Malgré ça, c'est le client qui est culpabilisé.

Cherchons l'erreur...

Je ne dis pas qu'on ne doit pas être sensibilisé au fait que des gens meurent pour produire des jeans à moitié pourris dont on raffole dans nos pays futiles et superficiels, cependant, ceux qui se font des bénéfices éhontés au mépris de la santé de leurs ouvriers devraient être les premiers à culpabiliser.

Et ils ne culpabilisent, au contraire. Ils se frottent les mains.

Au passage, la marque incriminée dans le reportage était Levi's. Espérons que Guess, Le Temps des Cerises (avec un si joli nom révolutionnaire) ou autre Diesel sont un peu plus responsables.

Espérons...

CC
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2 commentaires:

  1. D'accord avec toi.. Mais dans un monde parfait.

    Ceci dit, comment faire pour culpabiliser une marque qui :

    - est au courant depuis bien longtemps que ses méthodes de production tuent et se satisfait fort bien de la situation.

    - une fois mise "au courant" par les journalistes d'ES, s'est fendu d'une réponse si évasive, montrant très clairement qu'ils se fichent totalement du sors de leurs ouvriers ?

    De plus, l'usine est en Turquie, c.a.d. en dehors de l'Europe et de ses lois. Les seuls ayant le pouvoir d'arrêter ceci, dans le système dans lequel nous nous trouvons est :

    1. Le gouvernement Turc :
    D'après ES, ils ont finis par légiférer. Si c'est effectivement le cas et que la loi est appliquée, Levi's ou son sous traitant ira produire ailleurs, là où les lois sont plus clémentes. Coup d'épée dans l'eau.

    2. Le consommateur :
    S'ils n'achètent plus, Levi's devra arrêter de produire ainsi. Le problème est qu'ils ne produisent pas que pour les quelques réceptifs aux messages d'ES.

    3. L'UE ou L'État Français (ou ce qui en reste) :
    Il est imaginable qu'on interdise l'entrée de ses jeans sur nos territoires. Problèmes : L'UE s'en fiche (lobby).

    Pour terminer, des jeans sablés, rien que ce samedi (ai subi les soldes) j'en ai vu passer des centaines ; le reportage est passé... Vu, digéré, et les gens sont passés à autre chose, comme toujours.

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  2. Bonjour Edelihan
    En effet, dans un monde parfait.

    Déjà, personne ne sait (personne ou presque) combien coûte vraiment un de ces jeans, à la production. Si les gens avaient conscience qu'ils sont fabriqués pour quelques centimes d'Euros, peut-être qu'ils n'accepteraient pas de se faire arnaquer en les payant plus de cent Euros. C'est pareil pour tout, des chaussettes aux lunettes de vue, en passant par les ordinateurs, les canapés...

    Ensuite, Levis n'a aucun intérêt d'arrêter de produire comme ça, puisque ça marche et que les bénéfices sont énormes...

    Enfin, la société de consommation n'offre pas d'alternative. C'est pour ça que je termine en citant d'autres marques, parce que je me permets d'émettre des doutes sur la probité et l'humanisme de ces autres marchands...

    CC

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