25 mai 2009

Coupat : le désespoir qui vient...

Coupat a écrit entre désespoir et courage.

Cet homme n'a peut-être pas écrit L'insurrection qui vient, mais il écrit bien.

Coupat ne "clame pas son innocence". Coupat ricane.

Coupat est trop beau pour être une victime. Sans doute un martyr...Et là, pour l'image, pour le symbole, pour qui vous savez, c'est pas le bon plan.

Coupable ? Non, c'est un intellectuel qui parle : il cite Hegel, il analyse, il dissèque, il prend du recul.Il décortique l'intox avec lucidité, calme et sang froid.

Il ne propose rien : il n'est ni dans le rôle du politique, ni dans le rôle du meneur. Il affirme juste que la solution viendra de la rue et qu'elle ne pourra venir que de là.

Dans cette interview, rien d'étonnant, pour qui a suivi un peu cette affaire qui n'en est pas une.

Mais ce qui surprend, ce qui choque, peut-être, c'est l'incroyable pessimisme de ce beau texte. Gauche, droite, pas d'alternative : historiquement, un pacte branlant, qui arrive à son terme et que la droite est entrain de trahir sans complexe :

Les termes de ce pacte pourraient se formuler ainsi pour faire vite : tandis que la droite renonçait à ses accents ouvertement fascistes, la gauche abandonnait entre soi toute perspective sérieuse de révolution. L'avantage dont joue et jouit, depuis quatre ans, la clique sarkozyste, est d'avoir pris l'initiative, unilatéralement, de rompre ce pacte en renouant "sans complexe" avec les classiques de la réaction pure – sur les fous, la religion, l'Occident, l'Afrique, le travail, l'histoire de France, ou l'identité nationale.
 Pour lui, le PS ne pourra pas prendre ce problème à bras le corps...

L'analyse n'est sans doute pas d'une finesse à toute épreuve. "Pour faire vite" prévient-il...

Cependant, dans sa situation, on ne peut pas en faire d'autre : accusé et enfermé au mépris de la présomption d'innocence, sur des faits inexistants, il est la preuve même du retour d'un État sinon totalitaire, autoritaire.

Ce qui est choquant, c'est la vision de la prison, aussi. Ce n'est pas un scoop, on sait bien que les prisons françaises sont une horreur, une honte.

L'analyse est intéressante : on prépare les gens à la prison avec l'école, on ne fait rien pour améliorer les conditions de détention, parce que dans le fond, on espère que la prison constituera une menace assez forte. Mais on ne s'honore pas en ayant les pires prisons d'Europe et on paye ce pari hasardeux, chaque jour et au centuple, dans les quartiers.

Le constat est rude. On ne peut pas nier, cependant, qu'il est assez juste.

Mais il est sombre et sans appel. Certains diront, non sans ironie, qu'il faut donc attendre le grand soir. Coupat ne propose pas de solution. Il met en garde seulement : il fait partie des gouttes d'eau qui finiront par faire déborder un vase...

CC
Rendez-vous sur Hellocoton !

8 commentaires:

  1. Oui en effet, une entrevue intéressante et qui nous permet d'y voir enfin plus clair. Quant à l'amalgame extrême gauche/grisaille soviétique, c'est probablement lié à l'absence d'informations...

    RépondreSupprimer
  2. J'espère surtout que ce n'est pas lui qui aura un jour la goutte de trop qui fera déborder le vase :/ J'espère que son combat lui sert de protection contre la déprime et l'insupportable.

    RépondreSupprimer
  3. Ouais ! ;) M'enfin, on verra comment tout ça va finir...pas bien, on s'en doute, mais pour qui ?

    RépondreSupprimer
  4. J'avoue lire avec plaisir ton analyse. Ce qu'il dit de la prison est intéressant. J'ai fait un billet sur mon blog pour exprimer les sentiments que ça suscitait chez moi. Partagés, parfois agacés. C'est un type très jeune. Il a le temps d'avoir plusieurs vies. Je me souviens d'avoir lu dans ma jeuneesse, avec une très grande admiration, Foucault sans toujours comprendre si ce n'est que les opinions sont à la pensée ce que l'écume est à l'océan.

    Il me fait penser à Benny Levy qui a fini par se consacrer à la lecture du Talmud.

    Mais ton billet est beaucoup plus clair ! Et ton titre, ah !

    RépondreSupprimer
  5. ah les belles informations de l'extrême radieuse gauche...
    moi ça me manque pas beaucoup, je suis d'une génération|désenchantée

    RépondreSupprimer
  6. "Coupat : le désespoir qui vient..."

    Je le trouve au contraire enthousiaste et plein d'espoir ("...Chaque pas qu'ils font vers le contrôle de tout les rapproche de leur perte. Chaque nouvelle "victoire" dont ils se flattent répand un peu plus vastement le désir de les voir à leur tour vaincus. Chaque manœuvre par quoi ils se figurent conforter leur pouvoir achève de le rendre haïssable. En d'autres termes : la situation est excellente....").

    RépondreSupprimer
  7. C'est marrant comme une interview où un pauvre petit homme raconte ses grands délires peut être interprété comme un texte lucide et calme. Tout cela manque quand même d'une paire de couilles...

    RépondreSupprimer
  8. Je désespère de voir continuellement ceux qui n'ont plus aucun espoir en trouver suffisamment pour tenir le coup même quand la situation est désespérée.

    Or tenir le coup c'est ce qui permet à la violée de ne pas trop bouger pendant que le violeur accomplit son "œuvre", en se disant que c'est bientôt fini et ce n'est qu'un mauvais moment à passer.

    RépondreSupprimer

Les commentaires sont modérés pour les billets de plus de deux jours.