3 juin 2010

L'art de la fuite


On peut croire, si l'on est du genre crédule, voire candide, que Luc Chatel a commis une grosse boulette.

Il aurait laisser fuir un document hyper confidentiel expliquant aux rectorats de la France entière comment supprimer des postes de profs en faisant des classes plus grosses.

C'est pourtant un sujet aussi tabou que le sujet tabou du moment : aussi tabou que la retraite à 60 ans.

Les parents sont crispés sur ce sujet et on peut les comprendre. Dans les collèges non classés ZEP, les classes sont déjà de 30. En ZEP, c'est 25. C'est déjà beaucoup, si l'on considère qu'il faut parvenir à leur apprendre quelque chose, à ces petits.

Ce ne serait que pour faire de la garderie, à la rigueur, ce serait tenable. Mais pour assimiler les règles de l'accord du participe passé, ça devient difficile.

Et pourtant, il y a eu fuite.

On peut remarquer deux choses.

Ces fuites n'ont pas lieu n'importe quand. Nous sommes au mois de juin, l'école est bientôt finie. Les représailles seront diluées dans les exams, bac et brevet. Luc sait que les profs sont doués d'une conscience professionnel et d'un dévouement envers leurs élèves qui les empêcheront de bloquer les examens. Ensuite, évidemment, les vacances étoufferont tout, puisque on ne pourra plus faire grève ou dévaster les rectorats qui seront déserts aussi...

Deuxième chose, c'est une technique éprouvée, que celle du "beaucoup de bruit" pour faire diversion : on fait des annonces, on choque, on fait parler, et pendant ce temps-là, on fait passer en douce d'autres plans, tout aussi épouvantables, mais moins médiatisés.

L'année prochaine, les stagiaires de l'éducation nationale n'auront pas de formation avant de se retrouver à temps plein devant des élèves.
Pauvres élèves...Si en plus, ils sont 32 dans la classe, ils ne vont pas piger grand chose à l'accord du participe passé...

CC
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4 commentaires:

  1. D'après une source assez fiable, cette fuite viendrait d'un groupe de personnes du MEN qui aurait voulu avertir la population.

    Qui sait...

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  2. "Deuxième chose, c'est une technique éprouvée, que celle du "beaucoup de bruit" pour faire diversion : on fait des annonces [...] pendant ce temps-là, on fait passer en douce d'autres plans, tout aussi épouvantables, mais moins médiatisés."

    C'est bien vrai, seulement si nos journalistes ne couraient pas sans cesse vers le sensationnalisme et le "bankable" en général, rien ne passerait en douce.
    Malheureusement, il arrive dans notre société de l'information que "la main" d'un footballeur soit "traitée" médiatiquement avec bien plus de force que des évènnements régissant notre société, notre quotidien.

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  3. C'est ce qu'on appelle la reconquête du mois de juin! Pour les recteurs et autres sbires! Eux travaillent jusqu'à la fin de l'année pour compter les profs... à virer!
    Mais c'est vrai qu'avec des classes plus chargées nous aurons des élèves jusqu'au bour... CQFD!

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  4. Tiens, c'est très exactement ma première réaction : une fuite orchestrée pour faire passer un maximum de mesures inacceptables.

    Les stagiaires qui en auront seulement le nom, les remplacements assurés par des vacataires, les horaires planchers imposés de fait par la DGH, les options qui disparaissent, les postes gelés pour les berceaux, les compléments de service qui deviennent la règle, les HSA en pourcentage des postes, tout ce qui concerne l'aide, le soutien, le culturel en HSE... et j'en passe et j'en oublie sûrement. Mais pendant ce temps, on parle "seulement" d'augmenter le nombre d'élèves par classe, et vaguement de la disparition des assistants en langue, ou de la fin programmée de l''accueil des moins de 3 ans...

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