1 juillet 2010

L'école est finie


Le sujet de français du brevet, cette année, était particulièrement facile. (Comme celui de maths et celui d'histoire)

Si vous avez des enfants en 3ème, rassurez-vous. Il faudrait vraiment que votre bébé d'amour ait un petit niveau de CE2 pour le rater. Voilà. Pour l'examen, c'est réglé.

Par contre, pour le contenu et la "philosophie" que l'éducation nationale cherche à faire passer à travers ce sujet, je me pose des questions.

Je me demande même combien de temps je vais tenir avant d'aller rejoindre le privé. Tant pis pour mes privilèges.

Je vous explique. Le texte de Colette était le suivant :

Beau temps. On a mis tous les enfants à cuire ensemble sur la plage. Les uns rôtissent sur le sable sec, les autres mijotent au bain-marie dans les flaques chaudes. La jeune maman, sous l’ombrelle de toile rayée, oublie délicieusement ses deux gosses et s’enivre, les joues chaudes, d’un roman mystérieux, habillé comme elle de toile écrue...
5 - Maman !... -...
- Maman, dis donc, maman !... Son gros petit garçon, patient et têtu, attend, la pelle aux doigts, les joues sablées comme un gâteau...
10 - Maman, dis donc, maman... Les yeux de la liseuse se lèvent enfin, hallucinés, et elle jette dans un petit aboiement excédé : - Quoi ? - Maman, Jeannine est noyée, répète le bon gros petit garçon têtu.
15 Le livre vole, le pliant tombe... - Qu’est-ce que tu dis, petit malheureux ? ta sœur est noyée ? - Oui. Elle était là, tout à l’heure, elle n’y est plus. Alors je pense qu’elle s’est noyée. La jeune maman tourbillonne comme une mouette et va crier... quand elle aperçoit la « noyée » au fond d’une cuve de sable, où elle fouit1 comme un ratier...
20 - Jojo ! tu n’as pas honte d’inventer des histoires pareilles pour m’empêcher de lire ? Tu n’auras pas de chou à la crème à quatre heures ! Le bon gros écarquille des yeux candides2. - Mais c’est pas pour te taquiner, maman ! Jeannine était plus là, alors je croyais qu’elle était noyée.
25 - Seigneur ! il le croyait !!! et c’est tout ce que ça te faisait ?
Consternée, les mains jointes, elle contemple son gros petit garçon, par-dessus l’abîme qui sépare une grande personne civilisée d’un petit enfant sauvage...

1 « Fouir »: creuser à la manière d’un petit chien (ratier). 2 « Candides » : innocents, naïfs.
Colette, « En baie de Somme », Les Vrilles de la vigne (1908).


Le sujet de rédaction était celui-ci :
Un peu plus tard, le père rejoint sa famille à la plage. Un dialogue s’engage entre les trois personnages : la mère explique à son époux ce qui vient de se passer ; Jojo proteste ; le père tente de les réconcilier. Écrivez ce dialogue.

Les élèves ont été très nombreux à faire du père un gueulard qui crie sur sa femme.

Les élèves ont été très nombreux à juger Madame indigne dans son rôle de mère.

Lire ? Quelle activité épouvantable ! Quel scandale !

Une mère doit s'occuper de ses enfants, jouer avec eux, être absolument dévouée, se sacrifier...

Le sujet poussait naturellement à ces conclusions. Un sujet de français qui pousse les élèves à écrire que lire n'est pas une activité digne, rien de plus normal, n'est-ce pas ?

Franchement, ce soir, veille de vacances, j'avoue m'interroger sincèrement sur ce métier que j'aime pourtant : j'aime être avec les élèves, leur apprendre des choses, leur faire découvrir des textes, les classiques, la culture, qui me semble essentielle, et la langue, les mots qui permettent de s'en sortir, toujours.

Mais je déteste l'orientation que prend l'éducation nationale. Ce n'est pas nouveau. Mais ça s'accélère ces derniers temps, réduction de postes, réduction de moyen, réduction d'ambition...obligent...

Les valeurs républicaines n'existent plus. Voilà quelques années qu'on parle à l'école comme dans une entreprise. Et on le sait bien les mots ont un sens : on ne peut pas parler de "rentabilité", de "profit", "d'économie" sans en subir les conséquences.

Je ne pourrais pas être une fonctionnaire zélée, à ce rythme-là, encore bien longtemps. Je résiste déjà, à mon niveau, à la littérature de jeunesse, à la pédagogie de projet sans fondement, je tente à tout prix de faire du contenu, dans mes cours, je déteste l'idée que les élèves doivent redécouvrir l'eau tiède à chaque leçon.

Mais je vois ce qu'on accepte lors des corrections d'examen, bac ou brevet, je vois qu'on remonte les notes, qu'on accepte de corriger des torchons dans lesquels les élèves se moquent éperdument du système - et ils ont raison, au fond, puisqu'on laisse tout passer...

Par exemple, ce matin, la coordinatrice a exigé qu'une copie écrite à même le sujet soit corrigée normalement. On a aussi corrigé l'exercice de réécriture sans compter les erreurs de copie. Parce qu'en 3ème, sans doute, les élèves ne sont pas capables de recopier sans fautes un texte de quelques lignes.

Tout ça n'est qu'une mascarade qui coûte cher et qui ne signifie rien. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut supprimer ces examens : ce sont des moments importants de la vie de ces futurs adultes. Mais il faut leur rendre un vrai sens.

Ce soir, j'ai reçu un poème, écrit par deux élèves. Les graines que l'on sème poussent parfois. C'est pour cela que je garde une petite étincelle. Mais je ne suis pas sûre de rester longtemps une fonctionnaire zélée...

CC
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17 commentaires:

  1. Tiens curieux : j'ai été informé de l'existence de ce sujet, mais c'est un autre aspect qui a attiré ma réprobation.
    http://heresie.hautetfort.com/archive/2010/06/30/la-femme-en-version-dnb-brevet-des-colleges.html

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  2. Bonsoir,
    Naturellement, cet aspect m'a aussi frappé. Mais il me semble encore plus grave qu'on pousse les élèves à dénigrer la lecture, dans la matière même où on devrait leur apprendre à aimer cette discipline. Point de vue de prof de lettres qui prime sur le pont de vue de femme.

    Pendant la correction, je dois préciser que j'ai été choquée par les élèves qui terminaient leur texte par le divorce des protagonistes... (ou plutôt la répudiation, devrais-je dire, de la mère, par le père)...Et combien de rédaction dans lesquelles le père se contentait de réprimander assez violemment la mère...

    Je suis étonnée comme vous de ce choix idiot. La littérature française regorge pourtant de beaux textes et de pages intéressantes...Pauvre Colette, qui était pourtant une sorte de féministe à sa manière...

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  3. J'ai trouvé les questions d'une remarquable indigence, comme d'habitude. On a affaire à des questions qui se répètent dans plusieurs parties ou qui sont formulées de manière maladroite, ce qui autorise toutes les réponses possibles, sans compter les questions de pure paraphrase. En fait, comme il y avait peu de questions à poser sur le texte lui-même, les auteurs du sujet ont tiré à la ligne. Quant au sujet de rédaction, on a choisi la voie de la facilité : demander d'écrire un texte dialogué au présent soulève moins de problèmes morphologiques pour un élève qu'un texte narratif au passé et le but est bien de ne pas évaluer le niveau, mais d'accorder le diplôme.

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  4. Peut-être parce que je ne suis pas prof, je ne m'inquiète pas pour les mêmes raisons que vous. Ne pourrait-on pas se poser plutôt la question de savoir si tous ces jeunes n'ont pas tout simplement transposé sur leurs pages blanches ce qu'ils vivent chaque jour chez eux... ce qui moi m'effraie beaucoup, cela voudrait tout simplement dire que les mentalités n'ont pas beaucoup progressé.
    Quant à la lecture... c'est un autre débat mais je ne crois pas (par expérience personnelle élargie que l'école donne beaucoup envie de lire aux enfants... désolée !
    Ln et ses électrons libres...

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  5. Peut-être parce que je ne suis pas prof, je ne m'inquiète pas pour les mêmes raisons que vous. Ne pourrait-on pas se poser plutôt la question de savoir si tous ces jeunes n'ont pas tout simplement transposé sur leurs pages blanches ce qu'ils vivent chaque jour chez eux... ce qui moi m'effraie beaucoup, cela voudrait tout simplement dire que les mentalités n'ont pas beaucoup progressé.
    Quant à la lecture... c'est un autre débat mais je ne crois pas (par expérience personnelle élargie que l'école donne beaucoup envie de lire aux enfants... désolée !
    Ln et ses électrons libres...

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  6. CE2, c'est en effet le niveau d'exigence du brevet.
    La lecture au collège ?
    En 4ème et en 3ème, les élèves qui sont dans la classe de mon collégien ont eu 3 fiches de lectures, donc trois livres à lire obligatoirement en 2 ans. Comme je m'étonnais, lors d'une réunion parents-profs, on m'a répondu "ça ne sert a rien de donner des livres à lire aux gosses, ils ne les liront pas."37 élèves en 3ème, dont une bonne proportion avec deux redoublements, de la moustache. Ils n'ont pas eu à temps de place en 4ème DP2, ou 3, je ne sais plus. Pas méchants méchants, mais insupportables, et il faut bien les supporter. Un professeur d'espagnol absent et non remplacé pendant 5 mois. Des professeurs de français à l'orthographe carrément surréaliste, qui remplissent avec plus ou moins de bonheur un job de mécano du commentaire de texte. Et des professeurs qui poussent au bac pro avec des tonnes d'arguments contre le général, qui ne sert à rien....

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  7. Bonjour,
    Dominique, nous sommes d'accord : le constat que je fais est le même. 80% d'une classe d'âge doit obtenir le niveau bac, autant commencer par donner le brevet...

    crhouz : oui, il est clair que les rédactions reflètent souvent le vécu des élèves, ni plus ni moins. Le bilan qu'on peut tirer est donc inquiétant...Pour la lecture, ça dépend des enseignants. Transmettre l'envie de lire, ça ne se fait pas en imposant des lectures et surtout pas en imposant des "fiches de lecture". Il faut proposer beaucoup, lire à voix haute, faire découvrir et faire saliver. Il faut interdire, aussi parfois...Quoi de mieux pour donner envie, de déclarer à des grands troisièmes boutonneux : "Ah non ! Pour ce livre là, vous être trop petits !" Razzia sur le CDI dans l'heure, c'est garanti !

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  8. Le sujet pose le problème du *point de vue*, ce qui n'est déjà pas si mal. Se mettre à la place de l'autre, c'est un effort d'abstraction qui manque souvent aux élèves : ils ne voient le monde qu'à partir d'eux-mêmes,trop souvent. Leur demander de se décentrer, d'écrire un dialogue, même simple, même au présent, demande de trouver le ton et les mots justes pour dire ce qu'un autre pourrait dire.

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  9. Vous seriez-t'y pas en train de virer réactionnaire, vous ?

    Sinon, commentaire impeccable de Suzanne, comme presque toujours.

    Et ces gens qui pensent encore que les "mentalités" doivent et peuvent "progresser". À pleurer.

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  10. Bonjour,
    @Suzanne : le collège que vous prenez en exemple est privé ?

    @Mafalda : les élèves se sont très bien débrouillés pour "recentrer" le sujet. Ils ont fait du gamin un martyr, de la mère, une femme faible et du père, un sauveur puissant...

    @Didier : c'est un compliment ! Par contre, si on entend dans "réactionnaire" le refus du changement, alors, non : pour l'éducation, je veux (avec mes tout petits bras) que ça change...

    D'ailleurs, si le sujet vous intéresse (mais je sais que ce n'est pas le cas, vous n'avez pas d'enfant et blablabla...) je vous conseille vraiment ce site : http://sites.google.com/site/ecolerepublicaine/home

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  11. "le collège que vous prenez en exemple est privé ?"

    CC: pas du tout, public, un collège de petite sous-préfecture de province, avec beaucoup d'élèves qui viennent en car des villages avoisinants, normal, banal.

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  12. Banal ?

    La banalité n'existe pas, chaque collège est différent et la réalité que vous décrivez est à des années lumière de la mienne ! Un collège est une équipe d'adultes composée de professeurs, d'une administration et d'une vie scolaire. Tout dépend de ces adultes...

    Si l'on cherche à faire une petite analyse, on peut supposer que dans un collège d'une petite sous-préfecture de province, tranquille, les équipes s'enracinent, pour ne pas s'encroûtent, s'accrochent à leurs postes comme des moules à leur rocher et que ça ne fait pas, en général, les collèges les plus dynamiques.

    Dans un collège de ZEP, il y a du mouvement, des changements, des profs jeunes. Les avantages sont le dynamisme, la remise en question, la progression. Les défauts sont ceux de la jeunesse, bien sûr...

    Par exemple, pour les commentaires de textes, on est obligé d'y passer : nous avons des programmes institutionnels et nous ne sommes pas censés être autre chose que des fonctionnaires zélés. Mais un prof encroûté sera d'autant plus une sorte de robot à débiter ses commentaires qu'un jeune prof qui va tenter d'intéresser les élèves.

    Pour le prof absent et non remplacé, par contre, il faut prendre conscience que c'est une des conséquences du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux. C'est la "rilance" comme dit la poète qui nous sert de ministre de l'économie...Et puis l'espagnol, c'est tout à fait secondaire, dans la philosophie du gouvernement. Surtout pour aller en 3DP3 ou 6. Ou dans le professionnel.

    D'ailleurs, je crois que vos profs de province font preuve de réalisme : pour des élèves qui ne seraient pas vraiment excellents et poussés par une belle motivation, ainsi que pas une famille solide moralement et financièrement, les filières générales sont bouchées.

    A moins de pouvoir faire, intellectuellement, du droit ou de la médecine, aller à la fac pour aller à la fac ne mène qu'à devenir prof, à peu près. Et les places aux concours sont de plus en plus chères.

    Pour les meilleurs, on peut bien sûr envisager les prépas et les grandes écoles. En commerce, si on est riche, dans les hautes écoles à concours exigeant, ou dans les écoles d'ingénieurs si on est moins doué. Mais attention, toutes les écoles d'ingénieurs ne donnent pas forcément un job clés en main à la fin.

    Par conséquent, avec réalisme, on peut dire qu'un bon BTS ou un IUT solide vaut mieux qu'un master en psychologie ou un diplôme d'ingénieur dans le textile. Et un bon CAP ou Bac Pro de boulanger ou de cuisinier vaut mieux qu'un BTS de secrétariat.

    Mais c'est aussi aux parents d'élèves de se faire entendre, sur l'orientation (des élèves et de l'éducation nationale en général...)

    A vous, Suzanne !

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  13. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  14. Pendant la correction, je dois préciser que j'ai été choquée par les élèves qui terminaient leur texte par le divorce des protagonistes... (ou plutôt la répudiation, devrais-je dire, de la mère, par le père)...Et combien de rédaction dans lesquelles le père se contentait de réprimander assez violemment la mère.

    Ils se contentent probablement de retranscrire leur ressenti, voire leur vécu...

    NB : le constat de Suzanne en tant que parent, je pourrais le faire aussi en tant que personnel encadrant... J'ai été assistant d'éducation dans un collège de banlieue "relativement aisée" pendant 5 ans, viré parce que la nouvelle patronne était un croisement improbable entre Robocop et Machiavel et tout ce que je peux dire c'est qu'elle ne m'avait vraiment pas à la bonne

    "Madame, je sais que je ne suis personne et que votre expérience du métier est autrement plus grande que la mienne qui ne vous ai précédé dans cet établissement que depuis quatre malheureuses années, mais si je puis me permettre, vous devriez vraiment venir davantage sur le terrain au lieu de vous retrancher derrière vos courriers, appels et bureaux... les enfants ont besoin de voir que vous vous intéressez à ce qui se passe, que vous n'avez peur ni d'eux ni de leurs parents, il faut sortir du bureau et pas seulement pour donner de la gueulante mal dirigée et mal assurée (- VOUS VOUS RENDEZ COMPTE QUE VOUS NE PAYEZ PAS LA CANTINE, HEIN? QUAND MÊME???? - Euh non madame, là le problème c'est que Romain a insulté son professeur à plusieurs reprises cette semaine...), par ailleurs j'ai contacté à plusieurs reprises le rectorat au sujet du non paiement de mes 40 heures d'aide à l'étude, auriez-vous par hasard, après m'avoir fait signer la reconnaissance de mes heures de travail, bloqué l'envoi, simplement parce que je suis sorti de l'établissement, après vous avoir prévenu devant l'ensemble des professeurs, pour porter plainte contre un élève qui m'avait agressé ? un bien étrange comportement, madame, à quoi jouez vous exactement?

    - A rien, jeune homme, vous êtes inapte à travailler dans mon établissement, voici donc votre fin de contrat, applicable immédiatement. Je ne vous en ferai l'annonce qu'au dernier moment, lorsqu'il sera trop tard pour trouver un travail cet été afin de garder votre logement un peu plus longtemps."

    ...Je poursuis aujourd'hui un C.A.E. de bonne-à-tout-faire dans une école primaire. Surveillant, assistante sociale improvisée, punching-ball émotionnel, et correcteur de fautes d'enseignants improvisés. Mais je n'ai aucune formation validante, voyez-vous ? On fait payer cher à ceux qui hésitent sur le chemin de la professionalisation...
    Les professeurs sont désengagés, déprimés, se sentent abandonnés, et je peux vous dire que j'ai des pulsions meurtrières quand je vois ou entends certains parents. L'expression "laisser-aller" (ou plutôt "pis-aller") me semble bien faible pour décrire ce qui se passe dans le monde de l'éducation française... fils de professeurs consciencieux (et vantés par leurs élèves!) je me voyais bien suivre la tradition familiale, mais vraiment, j'ai trop peur de finir comme ces petits profs pleins d'espoirs et d'idéaux et qui finissent au bord de la dépression avant la fin de leur première année en poste, harcelés par les élèves, dépassés par les évènements, le contenu de leur formation obsolète et inadéquate avant même de poser les pieds dans leur établissement... je suis triste... vraiment triste...

    :(

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  15. Merci pour votre commentaire ! (Blogger a des réactions bizarres, aujourd'hui...La chaleur sans doute. (et puis je modère les commentaires sur les billets de plus de deux jours...))

    Je partage vraiment la tristesse et le dégoût dont vous me faites part dans ce commentaire. Le système ne tourne plus rond du tout. J'ai subi ces dernières années une administration absurde moi aussi : pressurisée par une hiérarchie encore plus absurde, incompétente, fumiste...Bref, la totale. Les deux acolytes ont eu leur mutation pour des postes valorisant, en centre ville, pendant que les profs se battent toujours comme ils peuvent en ZEP. La motivation est pourtant belle, en début de carrière. On y croit, on a des idées, des idéaux. Et puis la réalité nous rattrape. Comment mettre en place des projets construits, une vraie politique d'éducation, sur 4 ans, pour que les élèves progressent, quand on doit changer de collègue en permanence, quand on a affaire à des TZR toujours sur le départ et jamais vraiment investis, quand on a des collègues sur 2 ou 3 établissements, qu'on ne croise qu'entre deux portes.

    On se retrouve seul dans sa classe, à se débrouiller avec ce que les élèves savent par rapport à ce qu'ils devraient savoir. On se débrouille avec les parents, parfois terrifiant. Cette année, par exemple, j'ai voulu préparer un redoublement, en 6ème, en cours d'année avec une famille. Le refus a été tellement brutal et menaçant que je ne m'y suis plus essayée. Le petit va ramer en 5ème...Il aurait pourtant eu le bon profil pour faire un redoublement profitable. Et la direction ne m'a pas aidée du tout. La seule réponse que j'ai eue, ce fut : "Ouh ! La ! Si c'est dangereux, laissez tomber, d'autant que vous avez une nouvelle voiture".

    Et encore, je reste intimement persuadée que la situation est plus facile en ZEP qu'en centre ville. Les parents et les élèves ont encore un semblant de respect pour les professeurs.

    Malgré tout, j'ai quand même la sensation de tenter de faire du bon boulot : inculquer les bases de la langue aux élèves et les bases de la culture classique. Autant que je peux, dans le temps qui m'est imparti.

    Mais quand je vois que même l'institution, à travers ce brevet ou le bac, dénigre et sape à ce point mon travail, j'ai tendance aussi à baisser les bras...Je ne suis pas Mère Teresa !

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  16. J'ai posté un long commentaire hier qui n'a pas été activé. Bug ou vacances de l'aubergiste? Tant pis...

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  17. Un peu des deux, Suzanne...Enfin...c'est surtout de la faute de blogger...

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