20 mars 2012

Une minute de réflexion

Dans des moments comme ceux-là, on ne sait pas quoi dire et souvent, il vaut mieux se taire et éviter de dire des conneries. 

Cependant, quelques réflexions s'imposent : le débat était intéressant, aujourd'hui, en salle des profs. Quelques collègues ont effectivement fait faire cette minute de silence aux élèves. D'autres non. D'autres ont préféré faire une minute (ou cinq) de parole sur le drame.

Je n'avais pas cours ce matin à 11 heures. Je n'ai pas eu à choisir.

Mais j'ai évoqué le sujet avec des élèves, des jeunes collégiens, cet après-midi. Ils sont choqués, traumatisés. Ils ont peur. Ils se demandent si cela peut arriver ici. Si un tueur peut rentrer dans la cour et flinguer tout le monde. Mon rôle de professeur et d'adulte, c'est de protéger les enfants, il me semble. Alors j'ai tenté de rassurer, de rationaliser. Il s'agit d'un tueur isolé, fou. Il est loin et là où il se trouve, la police, la gendarmerie est sur ses gardes, ils le cherchent.

Cela m'a permis de relativiser aussi. Oui, c'est un tueur isolé. Un fou. Jusqu'à preuve du contraire, il ne fait pas partie d'une organisation, d'un groupe. Même s'il a des idées racistes, il ne faut en aucun cas et d'aucune façon le rattacher à une cause politique, à un combat idéologique ou religieux. Il ne faut pas l'instrumentaliser.

Cette minute de silence était absurde, au fond. L'arrêt de la campagne aussi. Des enfants sont morts et c'est affreux mais fait-on une minute de silence à chaque fait divers dramatique, à chaque fois qu'un fou criminel passe à l'action ?

CC
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8 commentaires:

  1. Pour une fois, pas d'accord : ce n'est pas un "fait divers" de type "meurtre crapuleux" : un raciste qui tue, commet un acte "politique", visant à terroriser une partie de la population. C'est littéralement du terrorisme, basé sur une "idéologie" (le racisme), des convictions (les "envahisseurs" sont dangereux car trop nombreux) et des solutions ("finales").

    Après, je t'accorde qu'une minute de silence n'est pas forcément appropriée avec des jeunes enfants.

    J'ai fais un billet, sur mon blog...

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    1. Pour l'instant, on n'a pas choppé ce type. On ne sait pas de quelle idéologie il se réclame. On ne sait rien du tout. C'est peut-être juste un tueur en série complétement cinglé. On ne sait pas s'il y a un discours construit derrière tout ça...
      Et je maintiens en effet que faire faire une minute de silence aux élèves sans s'être mis d'accord sur un discours à tenir sur le sujet, sans savoir exactement de quoi il en retourne, ça me semble un peu léger...L'émotion est parfois mauvaise conseillère...

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  2. Pour moi, il y a lieu de s'interroger sur le poids des mots...

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  3. On connaît bien désormais, la bonne pensée dans ce genre de drames : si le tueur est un blanc d'extrême droite, il a massacré à cause de ses idées d'extrême droite. Et quand c'est un musulman extrêmiste, il a massacré simplement parce qu'il est fou et il ne faut donc surtout pas "l'instrumentaliser".

    C'est beau, un monde simple…

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    1. J'ai écrit cet article avant de savoir qui avait commis ces actes. Pour moi, qui que ce soit, c'est un cinglé.

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  4. Pour prendre "la main dans le sac" ses élèves qui recopiaient des corrigés sur internet, un enseignant parisien s'est livré à un méticuleux travail de sape, s'attaquant aux sites de corrigés auxquels il a fourni un commentaire erroné, et même à Wikipedia. Une expérience qu'il décrit sur son blog.

    Comment demander à ses élèves un commentaire personnel lorsqu'on est professeur de lettres, alors que les corrigés abondent sur internet, et que les smartphones permettent de rechercher n'importe quelle information en temps réel, même depuis la salle de classe ? C'est à ce dilemme que s'était attaqué Loys Bonod, 36 ans, enseignant au lycée Chaptal à Paris. Pour cela, il s'est transformé en véritable spécialiste de la désinformation, afin de prendre ses élèves à leur propre jeu. Une histoire mi-morale, mi-cocasse - et en tout cas révélatrice - qui est en train de faire le tour du web, et qu'il a décrite par le menu sur son blog La vie moderne.

    L'origine de sa supercherie remonte à son arrivée au lycée Chaptal, il y a trois ans : il s'était aperçu que des élèves avaient utilisé des corrigés vendus 1,95 euro pièce sur internet, et même que l'un d'eux avait utilisé son smartphone pour un commentaire composé en classe. D'où l'idée de retourner cette arme des corrigés contre les fraudeurs : il a d'abord distillé des informations sur internet, dont certaines fausses, à propos d'un poème du XVIIe siècle, décrit comme "introuvable", puis il a demandé à ses élèves de première un commentaire à la maison, en les invitant à "fournir un travail exclusivement personnel".

    Bilan : 51 d'entre eux sur 65 "ont recopié à des degrés divers ce qu'ils trouvaient sur internet". Et de raconter sur son blog : "J'ai rendu les copies corrigées, mais non notées bien évidemment - le but n'étant pas de les punir - en dévoilant progressivement aux élèves de quelle supercherie ils avaient été victimes. Ce fut un grand moment : après quelques instants de stupeur et d'incompréhension, ils ont ri et applaudi de bon coeur. Mais ils ont ensuite rougi quand j'ai rendu les copies en les commentant individuellement...".

    Parmi ses inventions figure, sur Wikipedia, une amoureuse tout à fait imaginaire du poète, citée ensuite par plusieurs élèves. Le professeur a aussi livré aux sites Oboulo.com et Oodoc.com un commentaire corrigé en ligne de cette poésie "avec des contre-sens complets", repris ensuite "parfois au mot près" par des élèves. Les comités de lecture des sites avaient pourtant "validé" le commentaire "sans barguigner".

    http://lci.tf1.fr/france/societe/un-prof-pourrit-le-web-pour-pieger-ses-eleves-fraudeurs-7088239.html

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