22 février 2012

Désespoir total ?

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Je vous parle souvent de mon collège de ZEP. Mal famé, mal isolé, mal doté. Mais avec la chance d'être encore classé ZEP (ou RAR ou ECLAIR, comme vous voulez). C'est une chance, parce qu'on dispose pour l'instant d'un peu plus de moyens qu'ailleurs et cela permet de faire quelque chose de positif avec quelques élèves. Même si l'on ne peut pas tout pour tous les élèves.

L'année dernière, on nous a presque mis un couteau sous la gorge pour qu'on mette en place des "classes à rythme". C'est à dire des classes qui ont des cours théoriques le matin et du sport et des matières artistiques l'après-midi. Vous avez forcément entendu parler de ça à la rentrée, ça a fait la une des journaux. Luc Chatel s'enorgueillissait de cette magnifique invention sur toutes les chaînes.

L'année prochaine, je vous l'annonce en primeur, si la majorité est reconduite, ce ne sera pas le plan com' de rentrée : nous n'avons plus les moyens de les mettre en place.

Nous n'avons plus les moyens de mettre en place toutes les options que le collège proposait aux élèves : la classe européenne d'espagnol, l'option golf, l'option tennis de table, le club NTA (informatique) et les classes à rythme. Bref, tout ce qui pouvait permettre aux élèves de s'enrichir, de travailler autrement, d'être motivés. Tout ce qui pouvait leur ouvrir des portes intéressantes au lycée.

Les syndicats nous ont dit que c'était "comme si l'on voulait nous habituer à ne plus être en ZEP".

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Alors bientôt, nous aurons des classes de 30, comme partout, des horaires planchers, et point d'option. 

A quelques jours des vacances, alors que j'ai du mal à maîtriser mes classes de 20 élèves, je suis désespérée.

Cette après-midi, on s'est mobilisés devant l'établissement pour expliquer ça à la presse et aux parents. Mais le cœur n'y est pas. On n'y croit plus. On est aux premières loges de l'effondrement de la société. On pense que ce sera moins désastreux avec Hollande, mais on se dit que les gens sont assez cons pour voter Sarkozy encore une fois.

Et puis si c'était la première année qu'on nous tapait sur la tête, on serait peut-être encore un peu révoltés, moins passifs. Mais voilà 5 ans que la situation empire chaque année, que les conditions se dégradent. On nous a fusionnés, réduits, compressés, dépecés. Et à chaque fois, on nous a promis que ça irait, on nous a rabâché qu'on était "l'éducation prioritaire". On a parlé d'ambition et de réussite.

Et puis on nous a tout enlevé. 

Dans l'école d'à côté, il n'y a plus de RASED. Ce qui signifie qu'il y aura encore plus d'élèves en très grande difficulté qui nous arriverons.

Dans le lycée d'à côté, on supprime 20 postes l'année prochaine. On supprime aussi les options. Plus de grec ancien pour les petits zuppiens. La culture et l'éducation, ce n'est pas pour eux. 

CC


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4 commentaires:

  1. Je comprends votre désespoir, mais je m'interroge sur l'apport pour vos élèves de cours de golf (ceci dit sans polémique).
    Castor

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  2. C'est un sport comme un autre.
    Il apporte son lot d'aptitude comme n'importe quel sport.

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  3. Bonjour,
    @Castor : oui, c'est un sport (de riches ?) qui développe des aptitudes de calcul, d'anticipation, de maîtrise de soi (et dieu sait que nos élèves ont besoin de cette qualité), c'est aussi un sport de plein air, qui sort les élèves de leur environnement habituel, aussi bien pour le cadre naturel que le pour le cadre social. Cela ne peut pas faire de mal !

    @Anonyme de 12h34 : voilà, c'est ça !

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  4. Ce qu'il y a bien dans le golf, c'est le club house. ;-)

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